Plantes médicinales | Bellakhdar, Jamal

Plantes médicinales 1264 composant similaire, fut décelée dans la feuille de l’if commun (Taxus bac- cata) qui présentait l’avantage d’être une matière première plus abondante et plus facilement renouvelable. Et dans les quatre décennies qui vont suivre, la recherche réussira à percer le secret du mode d’action antitumorale de plusieurs molécules : l’harringtonine et l’homoharringtonine, esters obtenus à partir de la céphalotoxine, un alcaloïde présent dans le genre Cephalotaxus (1972) ; les combrétastatines (1989), extraites de Combretum caffrum  ; et les benzoacrony- cines synthétisées à partir de l’acronycine, un alcaloïde identifié dans le genre Sarcomelicope (2002). Enfin, il y a quelques années, un antiviral, la prostratine, fut isolé d’ Homolanthus nutans , à la suite d’une enquête ethnopharmacologique exemplaire menée dans les îles Samoa (1997). La connaissance des plantes a aussi progressé sur un autre plan : celui de la chimiotaxinomie. Pendant longtemps, on s’est contenté, en phytothérapie, de désigner les plantes par leur nom commun qui est souvent un nom géné- rique (thym, origan, etc.), car on estimait que toutes les espèces d’un même genre étaient plus ou moins équivalentes du point de vue de leur composition et donc de leur activité. Puis on a su très vite que la composition et l’activité d’une plante étaient davantage liées à l’espèce qu’au genre et on a commencé alors à définir les plantes médicinales par leurs appellations binomiales ( T­h ymus vulgaris , Thymus serpyllum , etc. ; Origanum vulgare , Origanum compactum , etc.) ou par leur origine (origan de Syrie pour Origanum maru , origan du Maroc pour Origanum compactum , origan ou thym d’Algérie pour Origanum glandu­ losum , etc.). Aujourd’hui, les progrès de la chimie ont encore affiné la connais- sance des plantes grâce à la découverte des chimiotypes. On a donc été amené, dans certains emplois thérapeutiques très particuliers, à préciser le profil chimique auquel appartient le végétal considéré. En aromathérapie, par exemple, qui est très exigeante quant à la composition des huiles essentielles utilisées, on ne parle plus simplement d’origan mais d’« origan à carvacrol », d’« origan à thymol » ou d’« origan à germacrène » ; on ne prescrit plus du romarin tout-venant mais du « romarin à cinéole » ou du « romarin à verbénone », parce qu’on a apporté la preuve que chaque chimiotype était en soi un produit thérapeutique singulier. D’un autre côté, à partir des années 1960, les industries pharmaceutiques et les universités ont commencé à manifester un très vif intérêt pour les pharma- copées traditionnelles, alors que celles-ci étaient considérées jusque-là comme totalement désuètes et sans avenir. Ainsi, de nos jours, des milliers de plantes utilisées localement par les tradipraticiens sont expédiées de toutes les régions du monde pour être analysées et testées dans les laboratoires de recherche. Certains tests, qui sont réalisés presque systématiquement et en aveugle, comme le dépis- tage des activités antitumorale, antibactérienne, antivirale et cardio-vasculaire,

RkJQdWJsaXNoZXIy NDM3MTc=