Plantes médicinales | Bellakhdar, Jamal

Plantes médicinales 1263 Plantes et structures chimiques : le laboratoire de la nature En même temps que se préparait la transformation de la pharmacognosie ancienne en une véritable science pharmacologique, une autre évolution se fai- sait en parallèle, touchant cette fois-ci la chimie des plantes : à partir du début du xviii e siècle, une série de découvertes vint améliorer la connaissance des principes actifs des végétaux. Successivement, furent isolés la morphine (1804), l’aspara- gine (1805), la narcotine (1817), l’émétine (1817), la caféine (1819), la strych- nine (1818), la brucine (1819), la chlorophylle (1820), la vératrine (1820), la quinine (1820), la cinchonine (1820), la colchicine (1820), l’atropine (1831), la codéine (1832), la cocaïne (1856), la digitaline (1868), les alcaloïdes de l’er- got de seigle (1875), l’éphédrine (1877), l’ouabaïne (1877). Le début du xx e siècle verra la poursuite de cet effort avec l’isolement de l’aj- malicine (1931), l’étude des curares (1935) et les recherches menées sur les sapo- génines (1940), notamment la diosgénine, isolée de la dioscorée, qui devint très vite une tête de pont importante dans l’hémisynthèse des stéroïdes. À partir de cette date, les progrès de la chimie de synthèse et l’arrivée sur le marché de plusieurs antibiotiques extraits de microorganismes végétaux firent un peu oublier le rôle des plantes supérieures dans l’émergence d’une industrie pharmaceutique prospère. Cette éclipse de la phytothérapie et des industries d’ex- traction se prolongea près d’un quart de siècle, durant lequel la chimiothérapie et la pharmacologie moléculaire connurent leurs heures les plus brillantes. Il fallut attendre le milieu du xx e siècle pour qu’à nouveau l’intérêt des chimistes se portât sur le monde végétal. La découverte de la réserpine (1952) dans la rauwolfia représenta alors un pas important et marqua une nouvelle étape dans l’histoire des médicaments. Vinrent ensuite les découvertes de la vincamine (1953), décelée dans la petite pervenche ; de la vincaleucoblastine et de la vincristine (1958, 1961), isolées de la pervenche tropicale ; des ellipti- cines (1957, 1967), obtenues du genre Ochrosia  ; de la camptothécine (1966), un alcaloïde de Camptotheca acuminata , qui permit de synthétiser des analogues anticancéreux ; de la maytansine (1972), un antitumoral trouvé dans Maytenus ovatus . Puis, entre 1970 et 1990, on élucida les structures de près de 200 quas- sinoïdes isolés, dès les années 1930, des simarubacées mais dont l’intérêt a bondi après la découverte en 1970 de leur activité antileucémique. Plus près de nous, en 1971, des chercheurs ont identifié dans l’écorce de l’if américain (Taxus brevifolia) le taxol, chef de file d’une série de molécules dont le mécanisme d’action anticancéreux, totalement original, fut découvert en 1979. Une autre avancée fut réalisée lorsqu’en 1981 la 10-deacetylbaccatin III, un

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