Plage | Anthony, Edward

Plage 1253 En réponse à cette pression, et à la nécessité de maintenir ce qui est devenu un atout économique, il s’ensuit souvent un cercle vicieux d’aménagements destinés tout autant à la défense côtière des infrastructures, des personnes et des biens qu’à la protection des plages elles-mêmes contre l’érosion. Or la défense côtière peut être antinomique avec la protection, à proprement parler, de la plage. La première peut la fragiliser davantage. C’est le cas de certaines digues de haut de plage. La protection est destinée à assurer le maintien du stock sédimentaire, en empêchant notamment les départs vers le large et le long de la côte, par la mise en place de brise-lames qui atténuent localement l’énergie des vagues, désorganisant ainsi la dérive littorale, et d’épis, qui servent à blo- quer le transit lié à la dérive littorale. Ces ouvrages sont coûteux, nécessitent un entretien régulier et ne sont pas toujours efficaces, pour autant, car leur dimensionnement, critère primordial, requiert une fine connaissance du fonc- tionnement physique de la plage. Ils sont couramment complétés aujourd’hui par des rechargements de sédiments, alimentation artificielle qui, elle aussi, nécessite souvent un renouvellement, mais également par des techniques de drainage pour améliorer l’infiltration, et donc la dissipation d’énergie, et par la mise en place de boudins de géotextile en guise de brise-lames plus souples et moins coûteux. Quel avenir ? Devenue aujourd’hui un lieu de fréquentation quotidienne ou saisonnière pour des centaines de millions de personnes, la plage reste, pourtant, sur le plan scientifique, une forme dont le fonctionnement physique, généralement appréhendé par le biais d’une approche morpho-dynamique, demeure encore à approfondir. L’étude des plages passe par l’expérimentation scientifique et la modélisation, et de préférence par la combinaison de ces deux approches. En matière d’études littorales, la plage reste un thème privilégié, comme en témoignent les nombreux colloques et centaines d’articles publiés chaque année sur ces formes. Cet engouement trouve un écho à partir des enjeux liés à la pression anthropique croissante, à la montée du niveau de la mer et aux risques de submersion des plages, sources de fragilisation et de risque de dis- parition de certaines d’entre elles dans les décennies à venir. Cette dimension anthropique se prolonge, par ailleurs, par des recherches transdisciplinaires qui intègrent de plus en plus les aspects écologiques, sociaux et économiques, ainsi que sa gestion intégrée. Edward Anthony

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