Pitt-Rivers, Julian | Handman, Marie-Élisabeth

Pitt-Rivers, Julian 1243 School of Economics and Political Sciences, elle porte sur l’impossibilité de tra- duire ce terme en anglais car, comme l’honneur dont il recouvre une partie des multiples sens tout en en possédant de différents, il convient de contextualiser au cas par cas chacune des occurrences de ces mots. C’est donc déjà, et toujours, une belle leçon sur le comparatisme à large échelle. Pendant son séjour en Angleterre, Pitt-Rivers publie un recueil d’articles sur l’honneur ( The Fate of Shechem or the Politics of Sex. Essays in the Anthropology of the Mediterranean , cup , Cambridge, 1977). À la démonstration maintes fois réitérée par Peristiany et lui-même que l’honneur des hommes, comme celui des femmes, réside « entre leurs jambes », il ajoute « La mésaventure de Sichem ». Il s’agit d’un article important sur les rapports entre mythe et histoire, et struc- turalisme lévi-straussien. Il commence par une vigoureuse critique de la vision qu’en a Edmund R. Leach dans « La Genèse comme mythe ». Leach en effet considère qu’on peut lire l’histoire comme un mythe, et Pitt-Rivers estime qu’on ne doit pas confondre les deux, même si le mythe, s’invite dans la relation histo- rique. Sa propre lecture de la Genèse le conduit à démontrer que la mésaventure de Sichem traduit le passage d’une société qui pratique l’hospitalité sexuelle et l’offre de ses femmes à des sociétés plus puissantes pour bénéficier de leur protec- tion, à une société qui, ayant acquis la maîtrise de ses terres, n’a « plus besoin de se servir de [ses] femmes pour assurer [ses] relations extérieures » (p. 246). Elle devient dès lors endogame et se met à veiller jalousement sur la pureté sexuelle de ses femmes, liant ainsi pouvoir politique et honneur sexuel. Pitt-Rivers reste à Londres jusqu’en 1977, puis il retourne en France, à Aix-­ en-Provence d’abord où il est professeur associé à l’université de Provence, puis à Paris où il le sera à l’université de Paris-X Nanterre, avant d’être élu direc- teur d’études à l’ ephe – V e section (Sciences religieuses) en 1980. Il y restera jusqu’à sa retraite en 1986. Pourquoi la section des sciences religieuses ? Parce qu’il s’intéresse depuis toujours et de plus en plus à la question du rituel et du sacré. L’un de ses articles les plus spirituels, et néanmoins tout à fait scientifique, intitulé « La revanche du rituel dans l’Europe contemporaine », est publié par l’ ephe ( Annuaire , XCIII, 1984‑1985, p. 41‑60). Il y analyse le rituel minutieux mis en place lors de voyages en avion et estime que si le but était purement et simplement de transporter des voyageurs, on pourrait parfaitement s’en passer à l’instar des courriers au Chiapas où prendre l’avion ne diffère guère de la mon- tée dans un bus bondé et ne requiert aucun contrôle. Il y aborde de nouveau le thème de la tauromachie sur lequel il vient de publier « Le sacrifice du taureau » ( Le Temps de la réflexion , IV, 1983, p. 281‑297), où il soutient que « les hommes sacrifient le taureau et reçoivent en retour la puissance sexuelle dont il est déten- teur » (p. 291) et que ce rite est toujours en rapport avec les fêtes religieuses. Plus tard, il dira même que c’est un « contre-rite », « une façon, après la purification

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