Pitt-Rivers, Julian | Handman, Marie-Élisabeth

Pitt-Rivers, Julian 1242 communauté. L’hôte inconnu pourrait être un dieu déguisé et, si c’est un men- diant, c’est au nom de Dieu qu’il demande l’hospitalité. C’est pourquoi l’hospi- talité est un devoir sacré qui rapporte de l’honneur à celui qui l’offre, et pourquoi encore c’est souvent auprès des femmes que se réfugie l’étranger, car les femmes sont les gardiennes de cet espace sacré qu’est la maison. Mais l’invité ne doit faire preuve ni d’hostilité ni de rivalité avec celui qui le reçoit, et surtout il ne doit pas usurper le rôle de son hôte. Si cela advient, alors il est de nouveau l’étranger hostile. Pitt-Rivers pose ainsi des jalons de cette véritable traque des paradoxes et ambivalences qu’il ne cessera de soulever à propos aussi bien de l’honneur ou de l’hospitalité que de l’amitié (« Le paradoxe et l’amitié » sera édité par G. Ravis-­ Giordani, dans Amitiés. Anthropologie et histoire , pup , Aix-en-Provence, 1999, p. 18‑27) ou du sacré (Peristiany et Pitt-Rivers, 1992). À Athènes en 1966 se réunit la troisième Conférence méditerranéenne orga- nisée par Peristiany. Elle ne sera publiée qu’en 1976 (Peristiany, 1976), à cause de la dictature des colonels qui s’est abattue sur la Grèce (1967‑1974). La contri- bution de Pitt-Rivers, « Ritual Kinship in the Mediterranean: Spain and the Balkans » (p. 317‑334), ne porte que sur le Nord de la Méditerranée, mais l’ou- vrage, lui, comporte des articles sur le Moyen-Orient et le Maghreb. À la même époque, dans l’ouvrage collectif édité par Jack Goody, The Character of Kinship ( cup , Cambridge, 1973), il publie « The Kith and the Kin » (p. 89‑105), et comme le résume parfaitement Giordana Charuty dans la nécrologie qu’elle lui consacre (2001‑2002, p. 17-19) : « On lui doit […] d’avoir reconnu la dimen- sion tout à la fois sociale et religieuse de la parenté rituelle intégrée à l’idéologie de l’honneur et de la grâce, en montrant comment les relations de parrainage neutralisent les tensions structurelles propres à la famille nucléaire, tandis que les relations de compérage neutralisent les relations de compétition hors de la famille. » Il convient de rattacher à ce corpus le « Mariage par rapt » que Pitt-­ Rivers publiera dans le volume Le Prix de l’alliance en Méditerranée (Peristiany et Handman, 1989) et qui fait suite à la rencontre de Marseille qui s’est tenue en 1981. Entre 1964 et 1971, Pitt-Rivers est invité par Claude Lévi-Strauss comme directeur d’études associé à la VI e section de l’École pratique des hautes études, future École des hautes études en sciences sociales ( ehess ). Outre les séminaires qu’il y délivre, il participe aux cycles de formation de l’ eprass (Enseignement préparatoire à la recherche approfondie en sciences sociales), puis de la fra (Formation à la recherche anthropologique), cycles dont les bénéficiaires ont gardé un souvenir très vif. Puis en 1972, il retourne à Londres où il est appelé à occuper la chaire de Raymond Firth et à diriger le département d’anthropo- logie de la London School of Economics. Il prononce sa leçon inaugurale le 1 er novembre 1973. Intitulée Mana et publiée à Londres en 1974 par la London

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