Pitt-Rivers, Julian | Handman, Marie-Élisabeth

Pitt-Rivers, Julian 1241 des critiques qu’ils ont pu soulever, les ouvrages collectifs issus des conférences méditerranéennes des années 1959 à 1981 ont marqué une discipline dont les thèmes se sont élargis à raison des nouvelles préoccupations sociales telles que le féminisme ou le postcolonialisme, en même temps que se multipliaient les tra- vaux comparatistes à plus petite échelle. Ainsi Pitt-Rivers s’est-il associé au col- loque du cnrs « Femmes et patrimoines dans les sociétés rurales de l’Europe méditerranéenne », tenu à Marseille en 1985 et publié, sous le même titre, par Georges Ravis-Giordani en 1987. Sa contribution, « La veuve andalouse » (p. 261‑268), est une comparaison entre le triste sort patrimonial des filles et veuves anglaises, et celui des Andalouses qui jouissent de biens et d’autorité une fois leur mari décédé ; celles-ci peuvent même s’avérer être de redoutables capi- taines d’industrie. Ce petit texte, teinté d’humour comme tous ses écrits, ne se présente pas comme une exception dans sa production qui, dès les années 1950, se montra attentive à la différence des sexes et au statut des femmes. D’ailleurs, contrairement à bien de ses collègues masculins, il a toujours considéré ses col- lègues femmes comme des égales et les a toujours traitées avec respect. Peut-­ être est-ce le fait qu’il ait été un cadet de famille aristocratique britannique, et donc moins bien loti que son frère aîné, qui l’a rendu sensible au sort des domi- nés, car il porte la même attention aux paysans pauvres qu’aux riches, à ses étu- diants qu’à ses collègues, aux Indiens du Chiapas qu’aux caciques, bref aux êtres humains sans exception. C’est néanmoins la fortune familiale qui lui a permis de financer ses terrains espagnol et français, ce qui n’ira pas sans causer des malen- tendus. Car, à propos des sociétés paysannes, il parle de sociétés égalitaires, alors bien sûr qu’elles sont extrêmement hiérarchisées ! Ce qu’il ne nie pas, bien au contraire, car ce qu’il entend par sociétés égalitaires, c’est, par exemple, le sen- timent qu’ont les pauvres d’être les égaux des riches devant Dieu. Il s’agit donc à ses yeux d’un sentiment et non d’une réalité objective, se montrant en avance sur les courants majeurs de l’anthropologie, puisque l’anthropologie des senti- ments ne verra le jour que quelque vingt ans plus tard (voir son article « The Egalitarian Society », Actes du vi e Congrès international des sciences anthropologiques et ethnologiques , Paris, 1960). Le fameux couple « l’honneur et la honte » avait fait l’objet de la deuxième confé- rence méditerranéenne tenue à Athènes en 1961 et publiée par Peristiany (1965). Pitt-Rivers signe le premier chapitre de ce volume sous le titre « Honour and Social Status in Andalusia ». La conférence suivante, tenue en 1963, à Athènes également, portera sur les communautés rurales et le changement (Peristiany, 1968). S’appuyant sur des exemples tirés, entre autres, de l’ Odyssée , il démontre, dans sa contribution intitulée « The Stranger, the Guest and the Hostile Host. Introduction to the Laws of Hospitality » (p. 13‑30), que l’hôte est toujours à mi-chemin entre l’étranger hostile et un membre accepté de la

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