Pitt-Rivers, Julian | Handman, Marie-Élisabeth

Pitt-Rivers, Julian 1240 et grand ami de Pitt-Rivers, et ainsi fut mise sur pied, avec l’aide de la Fondation Wenner-Gren, la rencontre de Burg Wartenstein en Autriche, première d’une série de cinq qui s’égrenèrent de 1959 à 1989. L’idée de Pitt-Rivers n’était pas de faire de la Méditerranée une zone homogène, une aire culturelle, mais de repé- rer les éléments communs et les différences discernables dans des régions que le commerce, les migrations, les guerres aussi avaient mises en contact étroit. La conférence de Burg Wartenstein fut publiée par ses soins en 1963 sous le titre Mediterranean Countrymen. Essays in the Social Anthropology of the Mediterranean (Mouton, Paris). Il termine son introduction par ces mots : « Ce livre porte sur des problèmes d’organisation sociale. Il n’en ressort aucun stéréotype du “cam- pagnard méditerranéen”, mais il y est expliqué en quoi les communautés rurales méditerranéennes diffèrent, non seulement en fonction des cultures auxquelles elles appartiennent, mais aussi dans leurs façons de s’intégrer à la nation dont elles font partie. » (trad. M.-E. H.) On ne saurait plus clairement affirmer que l’en- treprise ne consiste pas à essentialiser la Méditerranée. Mais ce qui est certain, c’est que cette réunion a permis à l’anthropologie de la Méditerranée de devenir une discipline à part entière, ainsi que le rappellera Pitt-Rivers dans son article « La conférence de Burg Wartenstein » (1963). Pendant une vingtaine d’années vont s’accumuler des recherches soit mono- graphiques, soit liées aux thèmes retenus par Pitt-Rivers et Peristiany qui por- teront sur les deux rives de la Méditerranée, en dépit, vers la fin de la période, de vives critiques émises principalement par des chercheurs américains, notam- ment Michael Herzfeld, mais aussi par un chercheur portugais, João de Pina Cabral, qui reprochent à cette entreprise comparative de rechercher une unité factice à une zone hétérogène. Ces chercheurs proposaient de limiter le compa- ratisme à l’Europe, et même à des sous-régions européennes telles que la pénin- sule Ibérique quand ce n’était pas à un seul pays, par exemple la Grèce. Michael Herzfeld, à l’époque professeur à Indiana University, Bloomington, sera le plus virulent des opposants à l’idée d’une anthropologie de la Méditerranée. Il y voyait la couverture intellectuelle d’un néocolonialisme ne disant pas son nom (Herzfeld, 1980 et 1984). L’argument majeur des critiques résidait dans la variété des sens donnés aux mots honour and shame dans chaque microrégion des pays sur lesquels ils travaillaient selon les classes sociales, l’habitat rural ou urbain, l’âge, le sexe, etc. Notons que tant Pina Cabral que Herzfeld avaient fait leurs études à Oxford et qu’ils s’en prenaient surtout aux épigones de Peristiany et Pitt-Rivers plus qu’aux fondateurs de la discipline auxquels ils reconnaissaient l’aptitude à traquer dans le détail le sens des mots utilisés par leurs informateurs selon les critères définis plus haut. Et d’ailleurs, Pitt-Rivers leur avait répondu d’avance dans un article fort éloquent : « Contextual Analysis and the Locus of the Model » ! ( Archives européennes de Sociologie , VIII, 1967, p. 15‑34.) En dépit

RkJQdWJsaXNoZXIy NDM3MTc=