Pharmacopée | Buzzi, Serena

Pharmacopée 1225 apothicaires, auxiliaires des médecins. Seuls deux ouvrages, capitaux pour la pharmacopée de la fin du Moyen Âge et de l’aube de la Renaissance, retiennent l’intérêt : le premier, le Compendium aromatariorum du médecin italien Saladin d’Ascoli, véritable pharmacopée décrivant l’activité de l’apothicaire et l’organisa- tion d’une pharmacie ; le second, le Dispensarium du médecin français Nicolas Prévost, formulaire très apprécié des apothicaires de l’époque et des siècles sui- vants. À la charnière des xv e et xvi e siècles, Lyon, centre du commerce européen, accueille des foires très importantes : à cette époque, les épices font toujours par- tie de l’alimentation, mais leur principal usage reste d’ordre thérapeutique. Dans cette ville, de nombreux médecins et apothicaires étaient possesseurs des œuvres traduites de Myrepsus. À Lyon se rencontrent tous les commerçants et savants d’Europe, se mêlent toutes les théories, toutes les connaissances, arabes, byzan- tines, italiennes, allemandes, françaises, etc. Une expansion commerciale se produit grâce à l’apparition de nouvelles richesses issues du Nouveau Monde, mais aussi grâce à l’essor des industries minières, qui fascineront tant Paracelse (1493‑1541), le précurseur de la phar- macochimie. Ce savant, pour qui l’action d’un remède composé dépend des actions synergiques ou antagoniques de ses constituants, insiste notamment sur la notion de dose, seule à même de définir la toxicité d’un produit. Succédant à un sommeil de quatorze siècles à l’ombre de Galien, Paracelse apparaît comme un visionnaire : en effet, c’est seulement au xix e siècle, soit trois siècles plus tard, que des principes actifs moléculaires seront isolés des plantes. Vers le milieu du xvi e siècle, en Europe, la science des simples se développe à un point tel que cette période est appelée le « siècle des Plantes ». C’est alors àMontpellier qu’enseignent les plus grands botanistes, Mathias de Lobel (1538‑1616), Charles de Lecluse (1525‑1609) et Gaspard Bauhin (1560‑1624). Il faut noter que les médecins de cette époque doivent obligatoirement être des botanistes compétents, car la pharmacopée se compose exclusivement de plantes. Le médecin de Pise André Césalpin (1519‑1603) découvre le sexe des plantes et ajoute à la notion de genre celle de classe, tandis que Magnol introduit la notion de famille. À la même époque, Pietro Andrea Matthioli, médecin et humaniste de Sienne (1500‑1577), commente l’œuvre de Dioscoride et découvre les propriétés du marron d’Inde et de la salsepareille d’Europe. À la fin du xvii e siècle, sous le règne de Louis XIV, l’apothicaire est le véritable ancêtre du pharmacien. Les différents corps, réunis de plus en plus souvent en corporation, vont se protéger contre les gens peu ou pas qualifiés qui prétendent abusivement exercer leur profession. Au xviii e siècle, les pots de faïence utilisés dans les boutiques d’apothicaires comprennent albarelles, pots à canon, pilu- liers, cruches et chevrettes (pots à pharmacie par excellence, de forme sphérique et à large ouverture, portant d’un côté une poignée et de l’autre un bec verseur).

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