Pharmacopée | Buzzi, Serena

Pharmacopée 1224 un poème didactique sur les remèdes contre le poison, intitulé Theriakà et plus tard (i er -ii e siècle apr. J.-C.) le médecin Criton donnera le nom de thériaque à ce remède complexe, qui comprend près de 100 drogues et sera inscrit à la pharmacopée française jusqu’en 1884. Il a pour originalité de contenir des tro- chisques (médicaments secs moulés en forme de cône) faits avec de la chair de vipère, substance qui, disait-on, pouvait tout guérir. En Europe du Nord, on conserve du xii e siècle le souvenir de sainte Hildegarde, abbesse bénédictine dont le monastère est situé près de Bingen, en Allemagne (1098‑1178) : ses traités, connus sous le nom de Physica , résument les connaissances anciennes et décrivent les propriétés thérapeutiques des plantes et, en particulier, pour la première fois, de l’arnica et de la piloselle. Au xiii e siècle, à Constantinople Nicolaus Myrepsus est l’auteur d’un traité Sur les médicaments , qui cite plus de 2 600 formules de remèdes composés et donne, dans les moindres détails, le mode de préparation de nombreux aromates, parfums, collyres, poudres, décoctés, sirops, cérats et juleps (potions à base d’eau et de sucre, aromatisées avec une huile essentielle et servant de véhicule à divers médicaments). Dans le même temps, en Italie, au sud-est de Naples, brille l’école de Salerne, qui acquiert une renommée extraordinaire avec la publication, vers 1066, du Regimen sanitatis salernitanum. Ce Régime de santé est un poème didactique des- tiné à servir de guide pour une vie saine : on y trouve des règles d’hygiène géné- rale, destinées à l’usage domestique quotidien ou à celui du voyageur. Encore en usage 600 ans après sa première rédaction, ce recueil constitue le premier livre d’hygiène et de santé par les plantes, ainsi que le premier ouvrage de médecine préventive. L’ Antidotario attribué à Nicola da Salerno, décrivant les recettes de 142 médicaments, devient une œuvre de référence incontournable pour la phar- macopée pendant plusieurs siècles. Entre le viii e et le xv e siècle se développe dans la péninsule Ibérique une civi- lisation arabe dont l’influence sur l’Occident est très profonde. Vers le milieu du xii e siècle, les œuvres d’Avicenne sont déjà bien connues de l’Espagne musul- mane. C’est par ce relais qu’Avicenne pénètre l’Occident latin et joue un grand rôle dans la Renaissance européenne. Parmi les représentants les plus célèbres de cette école arabe, outre Averroès et Maïmonide, on peut citer Ibn al-Baytâr, auteur d’un ouvrage primordial, traduit en latin sous le titre Corpus simplicium medicamentorum , où sont décrites plusieurs plantes, dont 300 apparaissent pour la première fois avec leurs usages médicaux, leur mode d’emploi, leur dose efficace et leurs inconvénients. Les Arabes, excellents chimistes, connaissent depuis longtemps l’usage de l’alambic qui leur permet de préparer les essences, les eaux aromatiques et les alcoolats (médicaments obtenus par distillation de l’alcool sur des substances aromatiques). En France, à partir du xii e et surtout du xiii e siècle, la préparation et la vente de drogues deviennent l’apanage des

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