Pharmacopée | Buzzi, Serena

Pharmacopée 1223 Les invasions barbares et, plus tard, les épidémies dévastatrices déterminent un arrêt de l’évolution culturelle et scientifique en Europe occidentale. Le centre de la civilisation méditerranéenne se déplace alors vers l’Orient. Par l’intermédiaire de Constantinople, l’Europe accède de nouveau à la science des Perses et, par ces derniers, à celle des Chinois et des Indiens. À l’arrivée des Nestoriens, au v e siècle apr. J.‑C., les Sassanides héritent de la médecine indo-iranienne fondée sur le Veda et l’Avesta. Grâce aux Sassanides, les sciences persanes et indiennes se mêlent à l’héritage de l’École d’Alexandrie pour atteindre, par la conquête de l’Afrique du Nord et de l’Andalousie, le monde musulman et, à travers lui, l’Europe. L’Orient médiéval connaît des hommes de grande valeur, comme le médecin iranien al-Râzî ou Rhazès qui, dans son ouvrage intitulé Kitâb al-Hawi , donne un recueil d’observations cliniques, une liste de plantes médicamenteuses et, en outre, enseigne l’art de préparer des extraits de ces végétaux. Si Hippocrate et Galien ont été les pères de la médecine et de la pharmacie, Avicenne, au x e siècle, en est le prince. Son Canon de la médecine est une synthèse du savoir où sont consignées les connaissances et les découvertes des plus éminents médecins grecs, indiens, persans et arabes. Dans cet ouvrage, en outre, il émet l’hypothèse qu’il existe dans l’eau et dans l’air de minuscules organismes transmettant des maladies infectieuses, laquelle ne sera confirmée en laboratoire qu’au xviii e siècle par Van Leeuwenhoek. Mais l’intérêt essentiel de tout le travail scientifique d’Avicenne réside dans le principe de la causalité naturelle, stipulant qu’on ne peut connaître une chose que si l’on tient compte de la matière dont elle est faite. En Europe occidentale, Charlemagne crée de nombreuses écoles religieuses où l’étude des simples est la base principale de la pharmacopée et de l’enseigne- ment pharmaceutique. En 812, le capitulaire De villis recommande notamment la culture de 88 plantes médicinales. À cette époque et durant les siècles sui- vants, les épices jouent un rôle considérable dans les recettes thérapeutiques et dans l’économie : le plus souvent, elles sont utilisées comme médicaments mais, dans certains cas, elles servent aussi de condiments de table. En dehors des cou- vents comme déjà dans l’Antiquité, les animaux et les sécrétions les plus hété- roclites entrent dans la composition de nombreux remèdes (poudre de momie, os de morts, urine humaine, etc.). Il faut mentionner un médicament qui sera utilisé en médecine officielle jusqu’à la fin du xix e siècle : la thériaque, inven- tée par Andromaque l’Ancien, médecin de Néron, vers l’an 40 apr. J.‑C. Avant lui, Mithridate VI (132‑63 av. J.‑C.), roi du Pont, avait expérimenté poisons et contrepoisons sur lui-même et sur des criminels, pour préparer un antidote com- prenant 46 substances, dont l’opium. À Rome, cet électuaire est très employé après que Pompée en a découvert la formule dans la bibliothèque de Mithridate. Andromaque en améliore la composition et fabrique un médicament utilisé comme panacée, la galène. Nicandre de Colophon (ii e siècle av. J.-C.) compose

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