Pharmacopée | Buzzi, Serena

Pharmacopée 1222 des épices de la Grèce classique connaît son apogée avec l’épopée d’Alexandre qui, après la soumission de l’Empire perse, parvient jusqu’à l’Inde : pendant ces conquêtes, les Grecs trouvent dans leurs colonies de nouveaux produits végé- taux (tels que la cannelle, la coriandre, le cumin, le girofle, la myrrhe, le safran et les amandes) et minéraux (tels que la terre étoilée de Samos ou l’efflorescence de la pierre d’Assos, etc.). Il faut mentionner ici l’élève d’Aristote, Théophraste (372‑287 av. J.‑C.) qui, dans son Histoire des plantes , est le premier à donner une vague indication du système sexuel dans le règne végétal, avec la nomenclature des doubles noms, rationalisée dix-neuf siècles plus tard par Linné. Les plantes que cite Théophraste seront ensuite reprises par un capitulaire de Charlemagne. Les Romains, héritiers des Étrusques, fournissent également de riches témoi- gnages écrits sur la pharmacopée antique. Caton l’Ancien (234‑149 av. J.‑C.), dans son De agricultura , mentionne 120 plantes médicinales, dont la plus précieuse est le chou. Pline l’Ancien (23‑79 apr. J.‑C.), dans son Histoire naturelle , met l’accent sur l’importance des épices et des aromates dans la thérapeutique de son époque et des siècles précédents. Au i er siècle de notre ère, dans le De arte medica, Celse décrit 250 drogues utilisées à son époque et propose même, dans le livre V, une classifica- tion des médicaments, souci inhabituel pendant les siècles passés ; par exemple, pour certaines maladies des yeux, il conseille un mélange huileux à base de mandragore, plante dont nous savons aujourd’hui qu’elle contient un alcaloïde, l’hyoscyamine, qui a aussi pour effet de dilater la pupille. À la même époque, Dioscoride, considéré comme l’ancêtre des pharmacologues, médecin grec des armées de Néron, rédige un célèbre traité en cinq volumes, le De materia medica , connu dans les mondes romain et arabe, qui fera autorité en Europe jusqu’au Moyen Âge. Cet ouvrage inventorie plus de 520 espèces de plantes, dont 54 figurent dans la liste des plantes médici- nales essentielles publiée en 1978 par l’Organisation mondiale de la santé ( oms ). Au ii e siècle de notre ère, le grand maître de la médecine Galien fait œuvre d’en- cyclopédiste : il résume et coordonne les connaissances médicales de l’Antiquité, consigne par écrit les formules médicamenteuses connues de son temps et donne le mode d’emploi de nombreuses plantes médicinales. Ici, on peut mentionner, par exemple, l’ouvrage de Galien De simplicium medicamentorum facultatibus , tra- duit en latin par Gérard de Crémone (seconde moitié du xii e siècle apr. J.-C.) et Niccolò de Reggio (premier quart du xiv e siècle apr. J.-C.). Au iii e siècle apr. J.-C., l’auteur Gargilius Martialis écrit sur l’agriculture et sur les vertus médicinales des plantes, sujet aussi de l’ Herbarium du Pseudo-Apuleius (env. 400 apr. J.-C.), et plus tard, au iv e siècle apr. J.‑C., un médecin gallo-romain, Marcellus Empiricus, énumère 150 plantes utilisées en Gaule : l’absinthe marine sert de vermifuge, l’ail est utile contre les dermatoses, les affections du rein et le mal d’estomac, l’armoise contre les douleurs rénales, provoquant l’apparition des règles, la chélidoine contre les douleurs oculaires, le fenouil contre les douleurs rénales, etc.

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