Phare | Buti, Gilbert

Phare 1216 de Porto-Vecchio ; d’autres constructions complètent peu après cette signali- sation : près de Bonifacio, à la Madonetta (1842), au large de l’île-Rousse où la Pietra est allumée en 1857 et sur l’île Lavezzi où un feu à secteurs est établi en 1874, près de vingt ans après le tragique naufrage de La Sémillante (1855). On compte aujourd’hui 250 établissements de signalisation sur le millier de kilo- mètres du littoral corse (phares, tourelles, balises, bouées). Cet ensemble, qui s’inscrivait dans une politique à l’échelle nationale, a parti- cipé à la sécurisation des rivages proches de Marseille et a servi de modèle pour équiper d’autres littoraux, notamment ceux de la Méditerranée orientale, sur la ligne reliant Marseille à Constantinople et Alexandrie. Dans ce transfert de technique de sauvetage préventif, sur une route dangereuse parsemée d’îlots et d’écueils, privée de balisage fiable, équipée de 31 phares opérationnels mais mal entretenus, peu puissants et ne fonctionnant pas en permanence, une place cen- trale est à mettre à l’actif d’un usager des mers, le capitaine Marius Michel, auteur d’une étude qu’il avait librement rédigée pour pallier cette carence. L’importance du projet et la crainte de voir les Anglais court-circuiter les Français conduisirent les autorités françaises à entamer des pourparlers avec Constantinople. Les dis- cussions aboutirent à un accord en août 1855 : le sultan Abdülmacid reconnut l’intérêt d’éclairer les détroits, de créer un organisme d’État chargé de mettre en place les phares et les feux, et nomma Marius Michel directeur des Phares de l’Empire ottoman. La fonction exacte de Marius Michel était celle de « Directeur général pour l’établissement, l’achat, la construction et l’entretien pour le compte du gouvernement impérial des phares aux détroits des Dardanelles, de la mer Noire, aux points situés entre les deux détroits et autres points de l’archipel et de la mer Noire qui pourront être jugés nécessaires » ; son contrat précisait égale- ment qu’il devait « se rendre en Europe pour faire l’achat des appareils ». Marius Michel mit aussitôt en place un plan de construction d’un important réseau de phares et préconisa l’emploi des lentilles Fresnel, sur le modèle de Planier. Dès la fin 1856, une vingtaine de feux étaient en état de fonctionnement. Après une courte interruption, les opérations reprirent en 1859, dans le cadre d’une nou- velle société créée avec l’ancien capitaine Camille Colas – rencontré chez un ami commun, à savoir Ferdinand de Lesseps – et Joseph Baudouy, ancien adminis- trateur des Messageries impériales. En 1864, on comptait 110 feux sur le littoral ottoman. Marius Michel, qui reçut le grade de vice-amiral de la flotte ottomane, fut désormais appelé de plus en plus souvent Michel Pacha. Les premiers phares électrifiés furent mis en service en 1859 en Grande- Bretagne, et en 1863 en France. Le nouveau phare de Planier, mis en construc- tion en 1876, à près de 62 m au-dessus de la mer, fut alors le premier feu à éclats électrique de Méditerranée ; ses éclats se succédaient de 5 en 5 secondes et, si sa portée n’était pas fortement augmentée en comparaison de celui qui l’avait

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