Peuplement | Degioanni, Anna; Goude, Gwenaëlle

Peuplement 1210 France (avec également la Corse) et en Espagne. D’autres auteurs contestent cette diffusion démique en favorisant une simple diffusion culturelle : de proche en proche seulement, le savoir-faire est transmis sans déplacement d’individus. Les données génétiques proposent actuellement une situation intermédiaire avec effectivement un déplacement d’individus peu à peu à partir du Proche-­ Orient, mais en quantité réduite et variable selon la région. Le package néoli- thique ainsi construit va se diffuser vers l’Occident suivant un rythme différent entre la Méditerranée et l’Europe septentrionale, en fonction des environne- ments à coloniser, des groupes de migrations et de la réceptivité des populations autochtones. En Méditerranée, les archéologues proposent tout d’abord une dif- fusion primaire lente de l’agriculture et de l’élevage vers la zone anatolienne et grecque. Puis, depuis l’ouest de la Grèce vers le reste de la Méditerranée, cette diffusion, nommée « modèle maritime », semble plus rapide (colonisation par cabotage et/ou voies maritimes directes). Enfin, à l’intérieur des terres, la pro- pagation néolithique, effectuée à partir des zones côtières, se retrouve soumise à un rythme dépendant du substrat local (Guilaine, 2003). L’agriculture se dif- fuse à partir du Proche-Orient en direction de l’Égypte vers le VIII e millénaire, suivie par une expansion rapide en direction du Maroc où, à cette époque, le Sahara était seulement semi-aride. Au VI e millénaire avant notre ère, l’ensemble du bassin méditerranéen est néolithisé et les populations ont adopté l’élevage et l’agriculture comme mode de subsistance principal. L’alimentation des populations anciennes est l’une des grandes problématiques liées à la compréhension et à la restitution des comportements humains. Plusieurs approches (environnementalistes et anthropologiques) peuvent être utilisées, qui, de façon combinée, permettent d’aborder l’homme sous différents aspects : éco- nomiques, culturels, religieux, sociaux, biologiques, voire médicinaux. Depuis les années 1980, de nombreux travaux en anthropologie biologique ont enrichi nos connaissances dans ce domaine. L’analyse des traces et modifications squelettiques (par exemple marqueurs d’activité), de l’état sanitaire bucco-dentaire et l’utilisation de nouvelles techniques analytiques (par exemple biogéochimiques) sur les restes archéologiques mettent en avant la diversité et la complexité des rapports humains face à l’environnement à la fois naturel et social. Les méthodes biogéochimiques, telles que l’analyse des isotopes stables, nous informent notamment sur les choix alimentaires et leur évolution diachronique et géographique, de la préhistoire à l’époque moderne, dans le monde méditerranéen. En effet, l’analyse du δ 13 C et du δ 15 N dans la matière organique résiduelle osseuse et dentaire indique de façon individuelle l’environnement exploité pour les ressources alimentaires (par exemple marin versus terrestre) et la consommation de protéines animales (par exemple végé- tarien versus carnivore). Appliquées aux restes fossiles du Paléolithique supérieur, plusieurs études en Italie ont notamment montré une consommation mixte de

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