Peristiany, John George | Handman, Marie-Élisabeth

Peristiany, John George 1205 La dernière des réunions scientifiques s’est tenue en 1981 à Marseille grâce à Georges Ravis-Giordani. Le thème retenu en était les prestations matrimoniales et les systèmes de parenté en Méditerranée. Pas moins de 17 contributions, dont une bonne partie provenant de jeunes chercheurs travaillant sur la Grèce, seront publiées (Peristiany [dir.], 1989). Peristiany, décédé le 27 octobre 1987, n’aura pas eu la chance de voir l’imposant ouvrage (429 pages) en français qui en est issu et auquel pourtant il avait beaucoup travaillé, mais au moins aura-t‑il connu son édi- tion en espagnol publiée en 1987 par les soins de Carmelo Lisón-Tolosana (1987). Les six communications portant sur la Grèce étaient dues à des chercheurs bri- tanniques et français, mais également à des doctorants ou jeunes docteurs grecs formés à l’anthropologie à l’étranger. Car l’université grecque ne comportait pas alors de département d’anthropologie. C’est encore grâce à l’énergie déployée par Peristiany, dans un contexte politique devenu favorable – le Pasok gagne les élections de 1981 et un énorme effort va être fait pour ouvrir des départe- ments universitaires, notamment en sciences sociales, et offrir des postes dans toutes les disciplines – qu’en 1986 sera créé le département d’anthropologie et histoire de l’université de la mer Égée à Mytilène, bientôt suivi de celui de l’uni- versité Panteios à Athènes. Au fil des conférences organisées par Pitt-Rivers et Peristiany, c’est une nou- velle branche de l’anthropologie qui s’est ouverte, celle des méditerranéistes. Et c’est une grande partie des structures sociales des pays concernés (rapports des communautés rurales à l’État, valeurs et modes de pensée, structures familiales, clientélisme et patronage, parenté…) qui a été couverte, à l’exception notable de l’anthropologie urbaine qui n’allait prendre son essor que dans les années 1980, notamment pour la Grèce grâce aux travaux de Renée Hirschon. La collaboration entre Pitt-Rivers et Peristiany ne s’est pas arrêtée en 1981. Pitt-Rivers a continué à approfondir les questions liées à l’honneur dans ses séminaires de l’École pratique des hautes études ( ephe ) auxquels Peristiany a pu parfois participer. Il en a résulté un ouvrage édité en 1992, où ils disent dans leur introduction commune qu’il ne s’agit plus de considérer le concept d’honneur dans les seules sociétés de la Méditerranée, mais de mettre l’accent sur ce qui jusqu’alors avait été passé sous silence dans les travaux sur l’honneur : ses liens avec le sacré. Peristiany signe dans ce volume un article intitulé « The Sophron – a Secular Saint? Wisdom and the Wise in a Cypriot Community » (p. 103‑127), texte qui, à notre connaissance, est le dernier à avoir été publié post mortem . Ce titre résonne pour ceux qui ont connu Peristiany comme un miroir de ce qu’il a été pour nous : a wise in the Greek anthropological commu- nity (un sage dans la communauté des anthropologues grecs). Marie-Élisabeth Handman

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