Pèlerinage | Albera, Dionigi

Pèlerinage 1194 rendant impossible le pèlerinage. La conquête musulmane s’accompagna d’une relative ouverture. À partir du ix e siècle, on assiste à l’arrivée de juifs caraïtes et de pèlerins connus comme les « endeuillés de Sion », qui s’adonnent à des pra- tiques ascétiques et aux lamentations. Même par la suite, le pèlerinage vers Jérusalem constitue un courant persis- tant, sauf dans les moments de guerre ou de persécution. Il se prolonge durant le Moyen Âge et l’époque moderne, et est associé à l’installation temporaire ou définitive d’une partie des pèlerins dans la Ville sainte. Avec l’essor du mouvement national juif au xix e siècle, le pèlerinage est de plus en plus lié à l’immigration en Palestine. Ce mouvement devient massif à l’époque du mandat britannique et se prolonge après la création de l’État d’Israël. Encore aujourd’hui, les foules des pèlerins juifs affluent à Jérusalem. Le lieu le plus chargé d’un point de vue symbolique est le Kotel, le mur occidental du Temple de Jérusalem, où un grand nombre de pèlerins se presse, en particulier à l’occasion des trois fêtes princi- pales, en renouant ainsi avec une tradition de l’Antiquité. La centralisation du culte au seul Temple de Jérusalem n’a pas entièrement éra- diqué les déplacements polarisés sur d’autres lieux. Déjà dans l’ancien judaïsme, des sites chargés de mémoire sacrée – tombeaux de patriarches, stèles commémo- ratives – ont continué d’attirer les visites dévotionnelles. Toute une panoplie de lieux reliés au récit biblique – les tombes des prophètes au mont des Oliviers, le tombeau de Rachel à l’entrée de Bethléem ou le caveau des patriarches à Hébron, pour n’en citer que quelques-uns – a fait l’objet de pèlerinages des juifs qui se sont rendus en terre d’Israël durant les deux millénaires qui ont suivi la destruction du Temple. À cela s’ajoutent les visites aux tombeaux des justes qui ont marqué l’histoire postbiblique du judaïsme, particulièrement présents dans les villes de Tibériade, Safed et Méron. Cependant, la géographie des lieux saints du judaïsme est immensément plus vaste. Une floraison de tombes saintes jalonne les ter- ritoires de l’Afrique du Nord et du Proche-Orient. Elles sont la destination de pèlerinages collectifs, qui se tiennent une fois par an, généralement à l’occasion de l’anniversaire de la mort du saint. Cela s’accompagne d’une célébration ( hilloula  ; pluriel : hilloulot ), marquée par des sacrifices, danses, chants, prières, processions et autres actes de dévotions. À ces moments forts s’ajoutent des visites individuelles, au cours de l’année, pour demander l’aide du saint en rela- tion avec les différents problèmes de l’existence. L’affaiblissement de la présence juive dans ces régions, après la Seconde Guerre mondiale et la création de l’État d’Israël, a affaibli ces manifestations rituelles. Certaines répliques des pèlerinages aux saints maghrébins s’installent parfois ailleurs : en France et, surtout, en Israël.

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