Pêche | Faget, Daniel; Gilbert, Buti

Pêche 1179 dans les innovations induites par la révolution mécanique que la pêche artisanale trouve un second souffle au xx e siècle. Après 1950, le monde de la barque connaît trois événements majeurs en Méditerranée. L’apparition du treuil hydraulique sur les navires facilite la levée des filets et allège le travail des équipages. La diffusion du filet nylon monofilament, transparent, résistant et élastique augmente consi- dérablement les captures, tandis que, dans le dernier tiers du xx e siècle, le sonar permet un efficace repérage des bancs de poissons et une meilleure connaissance de la topographie des fonds sous-marins. Le secteur de l’industrie halieutique occupe aujourd’hui plus de 250 000 actifs en Méditerranée. La pêche méditerranéenne reste majoritairement littorale, lagu- naire et côtière (plus de 80 % de la flottille en nombre de navires, la plupart mesu- rant moins de 12 m). Elle est donc principalement pratiquée par des pêcheurs originaires des 23 États riverains. Cette pêche littorale, couplée avec la pêche industrielle, prélève chaque année 850 000 tonnes de produits de la mer, un résultat orienté à la baisse depuis un quart de siècle, alors que la consommation des mollusques, des poissons et des coquillages ne cesse d’augmenter autour de la Méditerranée (de 7 kg par habitant en 1961 à 14 kg en 2008). Dans un contexte de déficit commercial croissant, la structure de cette consommation évolue. La demande des marchés en poissons démersaux s’accroît, au détriment des petits pélagiques (anchois, sardines, sardinelles), dont les consommateurs craignent la plus grande périssabilité (Piante et Ody, 2015 ; Sea Around Us, 2016). Ce secteur des pêches a connu depuis une trentaine d’années une évolution très contrastée d’une rive à l’autre et une forte diminution de ses effectifs sur la façade européenne. Au sein de la Communauté économique européenne, puis de l’Union européenne, la Politique commune de la pêche ( pcp ) a encouragé la constitution dans le bassin nord occidental (France, Espagne, Italie) de flot- tilles très modernes, à l’exemple des senneurs à thonidés qui, couplés avec des structures d’embouches destinées à l’exportation extracommunautaire, ont capté une partie de la ressource. Sur les 73 000 unités de pêche déclarées en 2011, 57 000 navires continuent cependant d’opérer dans le secteur de la pêche artisa- nale. La Grèce, l’Italie, la Turquie et la Tunisie regroupent à cette date 61 % des effectifs de l’activité halieutique en Méditerranée. Des changements climatiques et biochimiques de grande ampleur sont aujourd’hui en œuvre dans l’ensemble du bassin. Ils s’ajoutent à une multiplication des usages des espaces côtiers qui place les différentes communautés de pêche dans une situation de concurrence. Marquée par des capacités de changement et d’adaptation depuis des millénaires, la pêche artisanale parvient à s’adapter localement à ces nouvelles contraintes : pêche d’espèces invasives lessepsiennes (Égypte et Tunisie), reconversion des pêches (crevette du golfe de Gabès). Face aux effets d’une exploitation irraison- née des biens et services de l’environnement par les collectivités méditerranéennes,

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