Paysage | Sintès, Pierre; Cattaruzza, Amaël

Paysage 1172 de Naples ou de Rome, les barracas ou chabolas des villes espagnoles, ou bien encore les gecekondu de la périphérie stambouliote (Vallat, 2008). Plus générale- ment, le mitage menace les périphéries urbaines, entrant en conflit avec les acti- vités agricoles comme dans la région de Marbella-Malaga où les terres agricoles sont passées de 24 à 9 % du total des terrains littoraux entre 1975 et 1990. Au-­ delà, ce sont les bourgs des périphéries qui sont alors envahis par des vagues de néorésidents, produisant le développement important de logements ou la for- mation de conurbations parfois gigantesques (agglomération du Caire : 16 mil- lions d’habitants ; Istanbul : 12 millions ; agglomération de Rome ou Grand Casablanca : 4 millions, etc.). Ces différents stades d’évolution impliquent encore des ruptures paysagères importantes dans la ville méditerranéenne. La mono- activité touristique vient s’ajouter à l’urbanisation et à l’industrialisation dans certaines régions. Sur l’île de Djerba, les structures hôtelières littorales attirent une clientèle internationale tout comme en Crète, ou dans les îles de Cos et de Rhodes, desservies par des connexions internationales. Il en va de même sur certaines portions de la côte égéenne de la Turquie et autour d’Antalya, ou en Espagne, dans les îles Baléares et sur la Costa del Sol. En France, la Côte d’Azur et le Languedoc, dans deux styles très différents issus de la massification du tourisme intervenue dans les années 1960, offrent des exemples de bétonnage de leurs côtes à des fins touristiques. Dans l’ensemble de ces cas, comme dans le reste du monde, les paysages touristiques deviennent conformes à ce qui est la règle dans l’ensemble des hauts lieux du tourisme : hôtels, discothèques, bars disputent alors l’espace aux activités traditionnelles en déclin. Protection et production idéologique du paysage Depuis la fin du xx e siècle, en accord avec les tendances de notre époque, l’envi- ronnement mais aussi le paysage, investi des caractères qui en feraient sa « médi­ terranéité », font l’objet d’une grande attention institutionnelle. On retrouve ce type de processus dans de nombreuses régions du monde qui passent souvent par la valorisation locale de caractères régionaux, mais aussi par la labellisation natio- nale ou internationale. Depuis plusieurs décennies, les paysages naturels font l’ob- jet d’une protection au titre de la préservation de l’environnement, à travers la mise en place de parcs naturels de différents types. Ces initiatives s’inscrivent à présent dans des dynamiques internationales. Pour la Méditerranée, la charte du paysage méditerranéen, signée à Séville en 1994 par les régions Andalousie (Espagne), Languedoc-Roussillon (France) et Toscane (Italie), a même servi de modèle pour l’élaboration de la législation européenne en la matière, et plus particulièrement pour le premier traité international dédié au paysage, signé en 2000 : la Convention

RkJQdWJsaXNoZXIy NDM3MTc=