Parc naturel | Chalvet, Martine

Parc naturel 1145 l’ensemble des espaces protégés en Méditerranée où de nombreux pays ont opté pour d’autres formes institutionnelles. En Afrique du Nord ou dans les Balkans, la création de nouveaux États explique largement cet engouement, tandis qu’en Europe l’exode rural rend la protection des espaces plus facile. Néanmoins, la croissance des espaces proté- gés en Méditerranée est surtout liée à des perspectives plus larges. Au-delà d’une sauvegarde patrimoniale et identitaire de la nature, elle touche désormais de nom- breux secteurs en plein essor comme le tourisme et les loisirs. Dans un souci de développement économique régional, certains espaces protégés répondent à la nécessité de créer des espaces récréatifs pour un public de plus en plus nom- breux. Dans cette optique, l’éducation à l’environnement et à la découverte de la nature n’est pas oubliée. À côté de la conservation des paysages, de la faune et de la flore, la création des espaces protégés s’est intégrée dans une politique plus globale de développement durable et de protection du patrimoine natu- rel, mais aussi historique ou culturel, comme en témoignent les parcs naturels régionaux français (1967) et les parcs naturels italiens. En même temps, la perspective est devenue beaucoup plus écologique. Désormais, on ne cherche plus seulement à préserver des paysages mais à main- tenir des écosystèmes. Outre les prises de conscience écologiste, cette nouvelle orientation est largement liée aux progrès des connaissances scientifiques sur les écosystèmes en Méditerranée et sur les services rendus par ces écosystèmes. Actuellement, les spécialistes évoquent la région méditerranéenne comme un hotspot de la biodiversité et du changement climatique. La mer, notamment, ne couvre que 0,8 % de la superficie de l’ensemble des océans, mais abrite à elle seule 8 % de la biodiversité mondiale. Extrêmement fragile, l’herbier de posi- donie représente, par exemple, le premier pôle de biodiversité, un producteur d’oxygène et un espace nécessaire à la reproduction. Il constitue donc un écosys- tème d’autant plus important qu’il amortit l’hydrodynamisme en zone côtière. Dans le cadre méditerranéen, les spécialistes ont également évalué les menaces qui pèsent sur les écosystèmes et sur la biodiversité. Puis ils ont présenté diffé- rents scénarios prospectifs afin d’orienter les prises de décision et les politiques à venir. Dans un contexte de réchauffement climatique, la pression humaine, touristique, urbaine et portuaire, le mitage des littoraux, la pollution sous toutes ses formes, les invasions biologiques et la surexploitation des ressources, en par- ticulier des richesses halieutiques, sans oublier les incendies, l’érosion, le pro- blème de la gestion de l’eau, sont apparus comme des facteurs importants de dégradation des milieux. Depuis les années 1970, ces progrès scientifiques et les alertes lancées par les spécialistes sont mieux entendus. À l’échelle internationale, la Conférence des Nations unies sur l’Environnement, réunie à Stockholm (1972), a mobilisé

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