Opéra | Lapied, Martine; Lhâa, Alexandre

Opéra 1118 source d’apaisement, d’inspiration, de sérénité, de douces imaginations ber- cées par le bruit du ressac, de lyrisme amoureux. Quand Amelia, dans Simon Boccanegra , regarde la mer en chantant et évoque « le sourire des astres et de la mer », l’orchestre suggère le clapotis des eaux ou le tremblement de la lumière de l’aurore sur l’eau. La mer tient dans l’ensemble de l’opéra un rôle dramatique essentiel. Elle est la patrie du héros de l’œuvre, Simon, ancien corsaire devenu doge de Gênes au milieu du xiv e siècle ; c’est vers elle qu’il se tournera avant de mourir, recherchant la fraîcheur de la brise marine recréée par l’orchestre. La mer incarne la joie de la beauté mais aussi la liberté et la gloire (du corsaire, de la république maritime). C’est de la mer que Gênes, comme Venise, tient sa prospérité mais aussi son essence. Dans une ville où ne règnent que dissen- sions et luttes sociales, le doge essaie de rassembler ses concitoyens en leur par- lant de la mer lorsqu’il leur rappelle que « le vaste royaume des mers vous offre ses extases » qui font contraste avec le climat de haine sécrété par la ville dont le doge est la victime. La mer est ici le symbole d’une vie élevée par rapport aux bassesses terriennes. On peut vivre en mer affranchi de normes terrestres. Il s’agit d’abord d’une société d’hommes : marins, combattants, corsaires ou pirates, dont le destin est rarement heureux ; en effet, toute liberté a un prix. La Méditerranée est aussi un espace de combats. L’homme, le héros, peut essayer de dominer la mer. Les tempêtes heureusement surmontées sont nombreuses dans le théâtre lyrique. Le déchaînement de l’orchestre permet de rendre de façon spectaculaire la fureur des flots. Mais, comme pour Otello, vainqueur dans une bataille navale des enne- mis de la république de Venise puis de la tempête, ces victoires sur les éléments ne préfigurent pas la suite de leurs destins. La représentation des peuples méditerranéens : un monde conflictuel De la rive nord… Le monde méditerranéen est représenté comme un monde violent fait de pas- sions, de contrastes et de conflits. La place du père de famille dans la société méditerranéenne est affirmée de façon particulièrement évidente dans Mireille , mais c’est aussi le cas dans de nombreux opéras romantiques italiens. Les pères, dont la toute-puissance est évoquée par un registre de voix grave, sont souvent présentés comme les détenteurs de la morale et de la norme sociale, qui s’opposent à l’amour qu’éprouvent leurs enfants, d’où le tragique de la situation. L’homme aimé est

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