Olivier | Albera, Dionigi; Sehili, Samira

Olivier 1110 l’empreinte que la présence arabe a eue dans ce domaine. Déjà au xii e siècle, le Sud de l’Espagne exporte son huile dans la Méditerranée. Ce produit domine dans l’alimentation quotidienne et on lui reconnaît des propriétés médicales. Dans le Livre sur les généralités de la médecine , Averroès en vante les vertus, et mentionne son utilisation quotidienne pour la préparation des viandes et aussi pour frire les œufs. Un autre centre important de production d’huile était Djerba, décrite au xi e siècle comme remplie de jardins et d’oliviers. Au Moyen Âge les Sfaxiens se rendent ici pour acheter de l’huile. Léon l’Africain mentionne l’importante exportation de l’huile de Djerba au début du xvi e siècle. Quelques décennies plus tard, des navires chrétiens, s’attardant à charger de l’huile, se font sur- prendre ici par les vaisseaux ottomans et sont facilement vaincus (Braudel, 1990, I, p. 187). Dans les territoires chrétiens, une impulsion pour maintenir l’oléiculture est sans doute venue des exigences religieuses, notamment l’éclairage des lieux sacrés, mais aussi l’emploi alimentaire de l’huile pour remplacer les graisses ani- males, prohibées pendant les nombreux jours de jeûne imposés par l’Église. Les centres ecclésiastiques encouragent la plantation d’oliviers, souvent à proximité des lieux de consommation, ce qui implique une diffusion de cet arbre, certes relative, dans des zones peu propices d’un point de vue climatique ou dans des terrains inadaptés (par exemple dans les campagnes de la plaine du Pô, dans l’Italie du Nord). Durant les siècles qui suivent l’an 1000, on assiste à une reprise de l’oléiculture dans la péninsule Italienne, en premier lieu dans les régions méridionales. Des indices de cette reprise apparaissent en Calabre à partir du xi e siècle et un peu plus tard en Campanie. Au début du xiv e siècle, l’huile de Naples et Gaète est vendue à Constantinople, Chypre et en Afrique du Nord. L’essor de la pro- duction intéresse surtout les Pouilles où, déjà pour le xii e siècle, sont attestées des oliveraies compactes, outre des plantations mixtes avec les céréales. Mais l’essor de la culture spécialisée a dû être encore plus précoce, puisque l’huile en provenance des Pouilles atteint le marché de Constantinople déjà vers la moi- tié du xi e siècle. En tout cas, au cours des siècles suivants, l’olivier s’imposera de plus en plus comme trait distinctif du paysage agricole des Pouilles, et au bas Moyen Âge, l’huile de cette région s’exportera dans presque tout le bassin méditerranéen. L’expansion de l’oléiculture est plus tardive en Toscane et en Ligurie, où elle ne se manifeste de manière significative qu’à partir du xv e siècle, en conférant à ces régions des traits paysagers qu’elles ont gardés jusqu’à nos jours. En revanche, l’essor de la culture spécialisée et la redynamisation des échanges commerciaux au cours du bas Moyen Âge entraînent l’abandon de la culture de l’olivier dans les terres moins propices. Dans l’Italie du Nord, elle

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