Olivier | Albera, Dionigi; Sehili, Samira

Olivier 1107 Dans l’Antiquité : la part des hommes et celle des dieux L’huile d’olive a bénéficié depuis la haute Antiquité d’une grande sacralité. Les calendriers de la civilisation minoenne nous informent sur la quantité d’huile d’olive offerte chaque mois aux différentes divinités dans le palais de Cnossos. En Égypte, on attribuait la découverte de la technique de l’extraction de l’huile d’olive à un don de la déesse Isis. Un acte de Ramsès III (xii e siècle av. J.‑C.) consacre au dieu Râ la production de 2 750 ha plantés d’oliviers, d’où prove- nait une huile très pure, destinée à alimenter les lampes du sanctuaire de cette divinité. Dans la Méditerranée antique (Égypte, Grèce, Afrique…), les statues étaient ointes d’huile d’olive. Ce liquide était offert aux dieux comme libation sur l’autel des temples, les animaux immolés en étaient enduits, et au ii e siècle apr. J.‑C., Apulée de Madaure fustigeait le beau-frère de sa femme Pudentilla car « ceux qui ont été chez lui affirment n’avoir jamais vu dans son domaine, ne fût-ce qu’une pierre ointe d’huile ou un rameau orné d’une guirlande » (Apologie , LVI, 5). Un rôle important de l’olivier et de ses produits apparaît également en milieu monothéiste. Dans la Bible, la colombe avec la feuille d’olivier dans sa bouche indique à Noé la fin du déluge ; cet arbre symbolise ainsi la survie de l’environnement nécessaire à la vie humaine (Genèse, VIII, 11). L’huile est omniprésente dans les rites, qu’il s’agisse des libations sur les stèles en pierre (Genèse, XXXV, 14) ou des offrandes dans lesquelles elle est mêlée à d’autres ali- ments (Lévitique, II, 1‑7). Une huile pure alimente la lampe qui brûle constam- ment dans le Temple (Exode, XXVII, 20‑21) et sert pour consacrer des objets ou des personnes à Dieu (Exode, XXX, 22‑33). Les monothéismes issus de l’ancien judaïsme ont perpétué le symbolisme de l’huile d’olive. Dans le judaïsme rabbi- nique la fête de Hanoukka commémore la réinauguration de l’autel des offrandes dans le Second Temple lors de la victoire des Maccabées, quand se produisit le miracle de la fiole d’huile (l’huile pure, qui s’était conservée, ne suffisait que pour une journée, mais elle brûla pendant huit jours, en donnant aux prêtres le temps de reconstituer la réserve de ce précieux liquide). Dans le christianisme, la manipulation de l’huile est centrale dans les sacrements du baptême, de la confir- mation et de l’onction des malades. Ajoutons que le mot « Christ » signifie lit- téralement « oint » (tout comme « Messie », d’ailleurs). Dans l’islam, la lumière de Dieu est comparée à une lampe dans un verre, allumée avec « l’huile d’un arbre béni, un olivier qui n’est ni d’Orient ni d’Occident » (Coran, XXIV, 35). Mais l’olivier rend honneur aussi bien aux hommes qu’aux dieux, pour reprendre une expression de la Bible (Juges, IX, 9). Dans l’Antiquité, son huile a été utilisée comme produit de luxe pour la fabrication des parfums, les soins

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