Navire | Buti, Gilbert

Navire 1090 Aussi, le chebec, qui représente plus de 30 % des armements méditerranéens pour la course au xviii e siècle, a été durant plus de trois siècles et, quelle que fût son origine géographique, le type du corsaire méditerranéen. « Petit navire dont la forme allongée est analogue à celle des chebecs » (Glossaire nautique) , la tartane occupe, depuis le xvi e siècle au moins, une place de première importance parmi les bâtiments présents en Méditerranée, plus généralement dans le bassin occidental où elle est réputée pour sa maniabilité et sa rapidité. Exceptionnellement, on en rencontre en Ponant, voire outre-Atlantique : ainsi, lors de son Voyage autour du monde , Bougainville mentionne, en 1767, une tar- tane chargée de bestiaux à Montevideo. La dénomination de tartane n’est pas rigoureuse et nombre de bâtiments voi- sins reçoivent, parfois, cette appellation ; inversement, quelques tartanes perdent leur nom originel pour recevoir une désignation qui s’attache à leur fonction (allège ou bateau-bœuf ). Les premières représentations précises de tartanes ont été publiées vers 1680 dans l’ Album Colbert et sont dues au dessinateur Jean Jouve, de Marseille. Elles montrent une embarcation aux formes déjà abouties, mais qui connaîtra une lente transformation de ses lignes générales au cours du siècle suivant ; néan- moins, si les formes des coques se stabilisent au début du xix e siècle, la mâture des plus grandes unités enregistre quelques changements. Les tartanes sont des bâtiments dont la longueur varie de 12 à 25 m de l’étrave à l’étambot, pour 5 à 6 m de large et une portée déclarée allant de 20 à près de 100 tonneaux ; elles sont montées par des équipages relativement importants de 6 à 12 hommes. La charpente est typique des méthodes de construction méditerranéennes et présente des similitudes avec celle des galères dont elle est probablement issue (charpente axiale) ; la poupe de certaines tartanes est d’ailleurs parfois agrémen- tée, comme certaines galères, d’une structure décorative. Lorsque la longueur dépasse les 15 m, certains constructeurs transforment l’arrière pointu en arrière carré. La courbure longitudinale, ou tonture, qui est assez importante et caracté- rise ce type de bâtiment, se réduit à partir du xviii e siècle. Le pont est construit de façon légère et, sur les modèles importants, il est interrompu, près de l’ar- rière, par une petite dunette sous laquelle est installée une chambre ou cabine à l’usage du maître. Sur les petites unités, la mâture se limite à un seul mât, ou arbre de mestre, généralement implanté droit au centre de la coque et qui porte une antenne à laquelle est attachée une voile latine ou « à tiers points » (triangulaire) ; on y ajoute parfois d’autres voiles de petites dimensions : un foc ou polacre accro- ché au beaupré ou mât de trinquet incliné sur l’avant et un tapecul à la poupe. Les plus grandes tartanes ont navigué jusqu’à la fin du xviii e siècle avec une grande voile triangulaire et une trinquette latine ; mais au début du xix e siècle,

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