Navire | Buti, Gilbert

Navire 1086 Navire Les types de bâtiments de mer en usage en Méditerranée au temps de la marine à voile, particulièrement à partir du xvi e siècle, sont d’une très grande diver- sité. La variété est accrue par les différents vocables employés pour qualifier par- fois un même type de bâtiment pour des espaces géographiques différents. Les commis et autres responsables chargés de leur enregistrement ne font pas tou- jours preuve d’une grande rigueur en modifiant les appellations pour une même embarcation sans que celle-ci ait été l’objet d’une transformation technique. La Méditerranée, mer ouverte, accueille dans ses flottes des bâtiments ponantais, provenant d’achats ou de prises, et adopte dans l’architecture navale des éléments empruntés aux espaces océaniques voisins. Il existe toutefois quelques modèles qui paraissent étroitement liés à la mer Intérieure, conçus dans cet espace et le sillonnant sans effectuer de nombreuses sorties au-delà de ses limites. Parmi ces bâtiments emblématiques, allant au commerce ou à la guerre, peuvent être ran- gés le chebec et la tartane. Le chebec (chebek ou chabek) est un petit bâtiment aux origines longtemps discutées, mais probablement arabo-hispaniques, qui sert pour le commerce ou la guerre. Il représenterait tous les courants architecturaux qui se sont entrecroi- sés en Méditerranée durant quatre siècles. Son allure, très caractéristique, en fait l’un des plus beaux navires méditerranéens de l’époque de la voile, pourtant la confusion sur sa dénomination reste fréquente tant dans les papiers d’arme- ments que dans ceux des douanes, rapports de mer ou descriptions des flottes. Il n’est pas toujours aisé de démêler pour une même unité les qualificatifs appor- tés de « tartane », « chebec », « felouque », « pinque », « brigantin » ou « demi- galère » ; et que dire de tel charpentier qui nomme « chebec » un bâtiment sorti de son chantier et « tartane » l’année suivante sans l’avoir pour autant trans- formé ? À la fin du xix e siècle, Jules Verne se fait encore l’écho de ces incerti- tudes ( L’Archipel en feu , 1884), faisant dire à ses personnages qui aperçoivent un navire : « C’est un chebec, disait l’un des marins, je viens de voir les voiles carrées de son mât de misaine.

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