Musulmans | Frégosi, Franck

Musulmans 1060 de pensée semble être la règle générale. Il est néanmoins possible de repérer des courants et des mouvements structurés et des mouvances plus informelles selon qu’ils sont strictement religieux, sociopolitiques ou davantage identitaires, en fonction d’une part du sens conféré à l’appartenance et à l’identité islamique, d’autre part du mode d’insertion et d’action de ces courants dans les sociétés européennes. Les courants religieux promeuvent un islam de type confessant, dans lesquels l’appartenance islamique se décline prioritairement par une pro- fession de foi subjective et sa transcription publique par l’observance effective de pratiques codifiées. Une attention particulière est portée à la réalisation spi- rituelle individuelle ou réalisée au sein de collectifs plus ou moins restreints se retrouvant pour l’accomplissement de rites et de pratiques canoniques et extra- canoniques. Tel est le cas des divers courants de l’ésotérisme islamique, des plus orthodoxes (Naqshibandiyya, Shadhiliyya…) aux plus hétérodoxes et syncré- tiques (Ahmadiyya, alévisme, Bektachiyya…), du courant piétiste et ritualiste du Tabligh indo-pakistanais et enfin des diverses expressions concurrentielles de l’orthodoxie islamique (Frères musulmans, Salafiyya, Ahbachiyya…). Les courants et mouvements sociopolitiques islamiques combinent, eux, la mise en avant d’une action sociale ou politique à partir d’un ancrage fort dans l’islam à l’échelon international, national (pays d’origine), ou au sein des socié- tés européennes. Ils se répartissent en courants légalistes liés à des organisations islamiques européennes proches des Frères musulmans, ou d’autres organisa- tions islamiques ethno-nationales de type turc (Millî Görüs et les Suleymanci). C’est là aussi le créneau de mobilisation de courants musulmans plus civiques résolument européens. On retrouve aussi des courants radicaux qui recoupent des organisations comme les Kaplanci turcs, le Hizb at-tahrir al-islami (Parti de la libération islamique) et tous ceux relevant de la mouvance jihadiste. Quant aux courants identitaires, la référence constante ou conjoncturelle faite à l’islam renvoie moins à une identification religieuse professée qu’à une iden- tité culturelle, à un faisceau de valeurs de repères historiques intervenant dans la définition de l’identité nationale ou sociale d’un individu aux côtés d’autres paramètres ethniques, linguistiques et politiques. L’islam de la rive nord de la Méditerranée se trouve en fait aujourd’hui tra- versé par cinq dynamiques qui traduisent les multiples lectures et usages pos- sibles de l’islamité. Une partie des courants religieux tendent à promouvoir une lecture résolu- ment ritualiste et normativiste de l’islam. Cela débouche sur un recentrage de l’appartenance islamique sur la seule sphère rituelle, sur un surcodage de tous les actes de la vie quotidienne (tabligh) , voire un repliement sur la sphère doc- trinale en termes d’orthodoxie exclusiviste (groupes salafistes et habachites). Ces deux modalités, tout en accompagnant le processus de sécularisation de l’islam,

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