Musulmans | Frégosi, Franck

Musulmans 1057 en va autrement des États de l’Europe orientale et notamment de ceux issus de l’Europe balkanique où l’islam s’est implanté, puis enraciné via l’Empire otto- man à partir du xv e siècle. L’Europe occidentale compte actuellement entre 9 millions et 14 millions de personnes de culture musulmane. D’un strict point de vue historique, il y aurait matière à discuter l’idée d’une implantation récente en Europe occidentale, dans la mesure où sa présence nous ramène plusieurs siècles en amont à la période d’al-Andalus. En effet, la présence musulmane en Europe ne débute pas his- toriquement avec le xx e siècle et les premiers cycles de migrants originaires du monde musulman. Si la religion musulmane n’a pas vu le jour en Europe, il en est de même avec les autres religions qui y sont aujourd’hui encore majoritairement pratiquées. Toutes sont issues de métissages religieux, culturels et philosophiques successifs entre divers apports (hébraïque, grec, latin…) et y ont pour la plupart connu un processus de transplantation, de sédentarisation et d’enracinement pour ensuite s’expatrier en direction d’autres champs de missions (Amérique du Nord et latine, Afrique…). Le premier moment de la présence islamique en Europe occidentale remonte à 711 lorsque les troupes musulmanes venant d’Afrique du Nord, menées par le général berbère Târik ibn Ziyâd, prennent pied dans la péninsule Ibérique, alors sous domination wisigothe. Cette présence musulmane perdurera jusqu’en 1492, année qui coïncide à la fois avec la chute de Grenade, dernier bastion musul- man, et le début de l’expansion espagnole vers le Nouveau Monde. Durant plus de sept siècles, une partie de la péninsule Ibérique est sous contrôle musul- man (à l’exception des royaumes du Nord, d’Aragon et de Castille). C’est là que vont se succéder les dynasties omeyyade (929‑1031), almoravide (1056‑1147), almohade (1147‑1208) et nasride (1237‑1452). De cette période, il reste des trésors d’architecture tels que l’Alhambra de Grenade, la Grande Mosquée de Cordoue devenue la cathédrale de la ville, la base de la Giralda de Séville (etc.), et des monuments d’érudition comme l’œuvre du juriste, médecin et philosophe cordouan, commentateur d’Aristote, Averroès (Ibn Rushd), dont l’œuvre incarne le subtil équilibre entre raison et foi, ou encore le non moins illustre Ibn ‘Arabî (cheikh al-Akbar), originaire de Murcie, l’un des maîtres de la mystique musul- mane. D’Espagne, les musulmans tenteront avec plus ou moins de succès de s’implanter sur le continent, vers l’Occitanie, en Sicile et en Crète. Le deuxième point de contact avec le monde musulman s’effectua via l’Empire ottoman, dont la présence en Europe s’échelonnera de 1402 (date du commen­ cement de l’expansion de la puissance ottomane en direction du Danube, de la mer Égée et des contreforts des Balkans sous le règne de Murâd I er ) au premier tiers du xx e siècle (1919‑1923), avec la naissance de la République turque. Ces

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