Mur | Parizot, Cédric

Mur 1035 liquides » est sans doute le système sive (Sistema integrado de vigilancia exte- rior), entourant les côtes espagnoles et portugaises : reposant sur des systèmes de détection très sophistiqués, ainsi que sur des patrouilles maritimes et aériennes, il vise à intercepter les migrants et les contrebandiers en provenance du Maghreb. Présentées avant tout comme des dispositifs sécuritaires, les barrières érigées par Israël, à partir des années 1990, s’inscrivent elles aussi dans une logique de régulation des mouvements de populations et de leurs espaces de vie. La première à être construite est celle de Gaza en 1995. En filtrant et en régulant les entrées des Palestiniens vers Israël, les autorités ont voulu à la fois empêcher les intru- sions d’individus considérés comme des risques sécuritaires, mais surtout régu- ler l’accès de cette population au marché du travail israélien. Au cours du second soulèvement palestinien (2000‑2004), face à la vague d’attentats-suicides dans les villes israéliennes, les autorités israéliennes ont décidé de renforcer la barrière de Gaza (2001 et 2002) et de lancer la construction d’une autre autour de la Cisjordanie (2002). Officiellement, les objectifs restent identiques : faire obstacle aux attentats, réduire l’importance de la main-d’œuvre palestinienne en Israël et séparer, une fois pour toutes, les deux populations. Mais rapidement le mur de Cisjordanie a intégré d’autres objectifs : démographiques et territoriaux. Il doit s’étendre sur plus de 700 km. Sur la majeure partie de son parcours, ce disposi- tif est constitué de grillages, de barbelés, de routes de patrouille et de systèmes de détection très sophistiqués. Il faut ajouter 61 km de mur de béton, princi- palement dans les zones urbanisées. Enfin, en 2011, pour mettre un terme aux entrées d’immigrants clandestins africains en provenance d’Égypte, Israël a lancé la construction d’une barrière supplémentaire le long de sa frontière avec le Sinaï. Un nouveau projet de clôture entre Israël et la Jordanie a été annoncé en 2015. Migration, danger sécuritaire, repli sur soi : à quoi répondent vraiment les murs de la globalisation ? Qu’ils soient présentés comme des moyens de lutte contre des flux migratoires, les trafics illégaux ou encore les attaques terroristes, ces murs s’inscrivent tous dans une même logique : répondre au sentiment croissant de perte de souverai- neté de l’État qui se développe au sein de l’opinion publique de ces pays (Brown, 2009). Les facteurs qui contribuent à entretenir cette inquiétude varient en fonc- tion des contextes ; ils sont cependant étroitement liés aux processus qui ont accompagné la globalisation (Vallet, 2014). En Europe, l’accroissement des flux transnationaux de personnes, de mar- chandises, d’informations et de capitaux par-delà les frontières est souvent perçu

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