Mudéjares | García-Arenal, Mercedes

Mudéjares 1027 de durcissement légal et de pression sociale, les mudéjares convertis au chris- tianisme tendaient à être assimilés aux mozarabes. Les mudéjares formèrent dans les royaumes chrétiens des communautés distinctes, avec leur organisation propre ( aljama ou conseil des notables), leurs autorités religieuses (alfaquíes) et étaient régis par la loi islamique en matière de religion, mais aussi de droit de la famille, mariage, héritage, etc., y compris les questions pénales et civiles. Les aljamas symbolisaient la permanence de l’islam en territoire chrétien et assu- maient une partie des fonctions exercées par l’autorité politique sur les terri- toires islamiques, comme celles de faire respecter les lois et les traditions, de veiller au maintien de la croyance dogmatique et de la pratique rituelle, et la transmission du savoir. Tout au long du Moyen Âge, les mudéjares furent l’objet de législations de plus en plus restrictives et de pressions croissantes afin d’obtenir leur conver- sion religieuse et leur assimilation. De manière générale, on peut affirmer que les siècles les plus favorables aux minorités sont les ix e , x e et xi e siècles, durant lesquels les royaumes chrétiens étaient peu peuplés. Dans la seconde moitié du xii e siècle, il se produisit une aggravation notable en partie due à des change- ments dans la législation ecclésiastique et l’influence de nouveaux ordres religieux comme l’ordre de Cluny. La consécration de la cathédrale de Tolède en 1102, jusqu’alors Grande Mosquée, et les privilèges politiques et économiques des Castillans et des Francs, accordés en 1118, marquent le point d’inflexion. Les mudéjares comme les juifs étaient aussi soumis aux restrictions sociales imposées par la législation ecclésiastique. Ainsi, le concile de Latran de 1215 ordonna aux musulmans et aux juifs qui vivaient sur des territoires chrétiens de se différen- cier par leur mode vestimentaire. Une troisième phase de l’aggravation, produite entre 1408 et 1412 et toujours plus forte, débouchera sur les décrets de conver- sion qui eurent lieu dans la couronne de Castille (1502), en Navarre (1512), et en Aragon et Catalogne (1526). Le Portugal avait expulsé le peu de mudéjares qui restaient dans le pays, en 1497 ; la plupart d’entre eux avaient trouvé refuge dans les territoires hispaniques. Les mudéjares constituent le premier groupe important de communautés musulmanes qui vivaient en territoire majoritairement chrétien et sous domi- nation politique chrétienne. Les étudier présente donc un intérêt particulier non seulement pour le caractère changeant de leur intégration dans la société chrétienne, mais aussi pour leur organisation et leur maintien en tant que communauté musulmane, pour la question de leur légitimité dans un environ- nement chrétien. À la demande de diverses aljamas ou de particuliers, des fatwas concernant le statut de musulman des mudéjares furent émises. En effet, il était considéré que leur condition de musulman n’était conservable que s’ils émigraient vers le territoire musulman. Par exemple, la fatwa écrite au début du xiv e siècle

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