Mozarabes | Bosseman, Gaelle

Mozarabes 1018 Mozarabes Auréolée du mythe de la tolérance, l’Espagne médiévale a pu être considérée comme un pays où d’importantes minorités avaient pu vivre ensemble en toute harmonie. Après la conquête islamique de l’Espagne en 711, les nouveaux sou- verains ont en effet permis aux minorités chrétiennes et juives de continuer à vivre avec leurs institutions sans les contraindre à la conversion. Cette coexis- tence de plusieurs siècles a donné lieu à des collaborations fécondes et à de grandes avancées dans les domaines culturel et scientifique, faisant rayonner la culture d’al-Andalus au Moyen Âge. Dans cette « Espagne des trois religions », la communauté chrétienne, désignée par le terme « mozarabe », a pourtant été l’objet d’interprétations qui semblent discordantes vis-à-vis de ce mythe de la tolé- rance. L’historien et orientaliste espagnol Francisco Javier Simonet (1829‑1897) voyait dans les mozarabes des adjuvants de la Reconquête et des symboles de la résistance acharnée à l’islam. Les mozarabes ont aussi été perçus par l’école des historiens arabisants comme une minorité insignifiante, rapidement absorbée dans la culture dominante de l’islam. L’identification du groupe des mozarabes : une terminologie ambiguë Au sens strict, les mozarabes sont les chrétiens de la péninsule Ibérique vivant dans les territoires soumis à la domination islamique, qui se sont trouvés, après la conquête, relégués à un statut de minorité juridique. Astreints à un impôt de capitation, la jizya , qu’ils paient « en échange de la paix » selon la Chronique mozarabe de 754 , ils conservent selon les dispositions du droit islamique concer- nant les ahl al-Kitâb (les gens du Livre) le droit de pratiquer librement leur religion et de conserver leurs institutions. Ce statut de la dhimma accorde une protection identique aux chrétiens et aux juifs à condition qu’ils respectent la domination de l’islam. Certaines mesures juridiques complémentaires ont pu

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