Mosaïque | Blanc-Bijon, Véronique

Mosaïque 1010 dionysiaques, amours de Jupiter…), jeux et courses, trames géométriques complexes utilisées en motifs couvrants. Au ii e siècle, les mosaïstes œuvrent dans les grandes villes (Italica, Mérida, Cordoue…) ; aux iii e et iv e siècles se déve- loppe un réseau de villae qui leur ouvre de nouveaux champs d’activité (chasse, Achille à Scyros et portraits en médaillons à La Olmeda ; jugement de Pâris, enlèvement d’Hélène, etc., à Noheda ; Milreu ; Rabaçal). Dans les provinces du nord-ouest de l’Empire, avec des décalages chrono- logiques, la situation n’est pas différente. En Angleterre, après un i er siècle ita- lique en noir et blanc (Fishbourne), des ateliers sont très actifs dès les Antonins (Colchester, Verulanium, Corinium, Silchester), puis dans les villae au iv e siècle ; leurs études ont permis de parler d’écoles (Corinium, Petuaria, Durnouaria). Dans les Gaules, le développement de la Narbonnaise plus tôt romanisée, où l’on rencontre au i er siècle une grande diversité de types de pavements ( signina , tes- sellata , pavements mixtes), se distingue de celui des autres provinces. Dès avant le changement d’ère, les habitants de Narbonne, Arles, Nîmes, Fréjus, Orange, témoignent, tout autant que Vienne et Lyon au ii e siècle, d’un intérêt pour la mosaïque. Les mosaïstes usent de compositions avec scènes figurées inscrites dans la trame en position centrale ou dans les cases d’un quadrillage « à décor multiple », chaque case chargée de motifs géométriques ou de fleurons (ateliers de la vallée du Rhône). Au nord, la période la plus riche iconographiquement est le iii e siècle, à Trêves et sa région (Bad Kreuznach, Vichten), en Helvétie (Augst, Avenches, Orbe). Malgré l’instabilité politique du iv e siècle, l’activité ne cesse pas. Les campagnes d’Aquitaine connaissent même un nouveau déve- loppement aux iv e et v e siècles ; les mosaïstes font preuve d’une imagination débordante, jouant avec vigne, acanthe, laurier et toutes sortes d’arbustes. Près de Montpellier, la villa de Loupian atteste de liens avec la Syrie et l’Aquitaine au v e siècle, tout comme est notée l’activité ponctuelle d’ateliers venus d’Afrique du Nord (Arles, Marseille, Aquitaine…). Dans toutes ces provinces comme dans le reste du monde romain, le réper- toire figuré est l’écho de la circulation des mosaïstes mais aussi de la culture et des activités des commanditaires : scènes mythologiques, muses, gestes litté- raires, poètes et philosophes, scènes d’amphithéâtre et d’hippodrome, chasses, activité rurale… En Grèce et dans les Balkans, les mosaïques d’époque romaine sont essentiel- lement géométriques jusqu’à la fin du iii e siècle avant de s’ouvrir tardivement au répertoire mythologique comme le laissent voir les synthèses récentes sur Sparte, la Crète, Cos, attestant de liens étroits avec l’Orient. Aux iii e -iv e siècles, les mosaïques chypriotes (Paphos, Kourion) font une large place à de vastes tableaux mythologiques, aux personnages identifiés par des inscriptions et mis en valeur par les trames géométriques.

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