Mosaïque | Blanc-Bijon, Véronique

Mosaïque 1009 Dans les autres régions du monde romain, les mosaïques en noir et blanc attestent le lien avec l’Italie au i er siècle, puis la polychromie, la diversité et la den- sité des trames et des remplissages montrent l’originalité des mosaïstes provin- ciaux. Le nombre de mosaïques conservées et ces différences locales, aussi bien réelles que liées à l’état des études, justifient une approche régionale. En Afrique du Nord, les premiers sols construits remontent à l’époque punique ( opus signinum et début du tessellatum ). Après une période marquée par la tradition italique en noir et blanc (Carthage, Utique, Constantine), la vita- lité des ateliers de Proconsulaire, de Tripolitaine, de Numidie, de Maurétanie césarienne, se développe dès la seconde moitié du ii e siècle. La polychromie est favorisée par la présence de carrières de marbres de couleur et d’albâtre. Le répertoire de décors figurés comprend des scènes issues de la mythologie et de la littérature, mais aussi de nombreuses évocations de la vie des propriétaires : scènes de pêche, xenia , jeux athlétiques et d’amphithéâtre, courses et auriges, chevaux vainqueurs, vie des grands domaines, chasses… Aux iii e -iv e siècles, la créativité des ateliers passe par le traitement végétalisé des trames géométriques (baguettes feuillues et fleurons de Byzacène, compositions végétales de Numidie), alors que les anciennes cités de la vallée agricole de la Medjerda (Bulla Regia, Dougga) usent de canevas plus secs d’une grande élégance. À Cherchell, capi- tale de la Maurétanie césarienne, un pavement unique offre une jonchée de fleurs coupées sur fond noir, alors qu’une autre mosaïque montre les travaux des vendanges sous une treille reproduite au sol avec un luxe de détails réalistes et qu’un pavement organisé en registres figure les travaux des champs dans un style tout pictural, témoignages de la riche diversité des ateliers. À Lambèse, sont mises au jour de vastes maisons aux pavements d’une très grande finesse, parfois en vermiculatum (Phryxos et Hellé, monstres marins, Dionysos, Andromède et Persée…). De Libye (Berenice, Leptis Magna, Oea, Zliten, Sabratha…) au Maroc (Volubilis, Lixus…), les mosaïstes ornent domus , thermes, temples et églises. Aux iv e -v e siècles, les ateliers se multiplient autour de Carthage, T­h uburbo Majus , Dougga, et s’exportent en particulier en Sicile ( villa del Casale à Piazza Armerina, vers 350) et en Gaule (basilique de la Major, à Marseille, villae d’Aquitaine). L’invasion vandale n’interrompt pas cette activité mais des décou- vertes récentes attestent le déplacement des ateliers (et donc des commanditaires) de la côte vers les grands domaines de l’intérieur que l’on connaît mal hormis celui de Sidi Ghrib (v e siècle). La péninsule Ibérique a absorbé tous les héritages : mosaïque de galets, opus signinum de tradition punique (Carthago Noua, Teruel…), mosaïque italique en noir et blanc (Ampurias, Astorga, Cadix, Conimbriga…), puis polychrome dont l’exceptionnelle mosaïque cosmogonique de Mérida. Le répertoire est sem- blable à celui des autres régions de l’Empire : scènes mythologiques (thèmes

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