Mosaïque | Blanc-Bijon, Véronique

Mosaïque 1008 La mosaïque de tesselles se développe autour des grands centres hellénis- tiques, Alexandrie et Pergame, avant de gagner tout le monde romain. Le delta du Nil a livré quelques pavements de très haute qualité, dont un emblema signé de Sophilos, portrait vraisemblable de la reine Bérénice II, et deux mosaïques exhumées au quartier des palais à Alexandrie (ii e siècle av. J.‑C.) représentant l’une un chien et l’autre des lutteurs. À Pergame, le palais royal a fourni une série de mosaïques très fines (milieu ii e siècle av. J.‑C.). En raison de l’abondance des mosaïques pavant des maisons privées et de l’histoire de la ville, Délos est un jalon de toute importance (130‑88 av. J.‑C.). Imitant les tapis, les mosaïques offrent un système décoratif avec quelques bandes (souvent des postes) enca- drant un champ central blanc ou ornementé (dauphin, fleuron, vases…), par- fois avec un emblema (Dionysos, Lycurgue et Ambrosia, Athéna et Hermès). Les plus fins pavements présentaient une polychromie accrue par l’apport de pigments en surface que révèlent les analyses des matériaux. Depuis la Sicile (Morgantina, milieu iii e siècle) et la Grande Grèce (Kaulonia), la mosaïque se répand en Italie, où elle reste d’abord très influen- cée par les décors en opus signinum . La tradition hellénistique – mosaïque polychrome à panneau figuré central et bordures géométriques – se maintient à la fin de la République et aux débuts du Haut-Empire. Exceptionnelles par leur qualité et leur composition couvrante sont la mosaïque aux poissons et la grande mosaïque nilotique de Palestrina/Préneste. En Campanie, la mosaïque témoigne d’une évolution où les thèmes entretiennent des liens étroits avec la peinture. Mais ces décors restent rares, limités aux pièces de réception, mar- quant la hiérarchie et l’articulation de l’espace domestique et mettant en valeur les richesses du dominus . À Pompéi, la maison du Faune conserve une collection de chefs-d’œuvre en mosaïque dont le plus remarquable est la bataille opposant Alexandre et Darius, mosaïque qui était rehaussée d’importants ajouts peints. En Italie du Nord, la fin de la période républicaine voit surgir un nouveau style, plus sévère, limitant la palette chromatique sinon au noir et blanc, du moins à un nombre réduit de couleurs, et privilégiant des compositions géo- métriques couvrantes, en nids d’abeilles (hexagones, octogones), à étoiles de huit losanges, en méandres… Dans le Latium, vers 60‑50 av. J.‑C., la villa des Volusii à Lucus Feroniae offre un bon exemple de cette conception austère attes- tée aussi à Rome et à Pompéi. À la fin du i er siècle apr. J.‑C. et au ii e siècle, les pavements les plus accomplis dans cette technique du noir et blanc utilisent un répertoire végétal stylisé (Tivoli, villa Hadriana, Hospitalia, vers 118‑121) ou des sujets figurés qui permettent de couvrir de larges surfaces, d’où son utilisa- tion dans les thermes (Ostie, thermes des Cisarii [vers 120], thermes des Sept Sages [vers 130], thermes de Neptune [vers 140]). Avec les Sévères est réintro- duite la polychromie (Ostie, thermes du phare, milieu iii e siècle).

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