Mosaïque | Blanc-Bijon, Véronique

Mosaïque 1007 tesselles, en général sur le nucleus , en creux (à la pointe ou à la corde) ou peints. Ces observations témoignent des outils du mosaïste : compas, règle, cordeau, mais aussi gabarit en plomb (à Délos, pour le motif de poste). Exceptionnel, le Papyrus Cairo Zen . 59665 restitue un devis de pose de deux mosaïques et décrit le décor à mettre en place (iii e siècle av. J.‑C.). Les plus anciens décors en mosaïque proviennent de sites du Moyen-Orient. Comme à Qannas, Samsat ou Hassek, au « Temple aux mosaïques » de l’Eanna à Uruk (niveaux VI et IV, iv e millénaire) des parois étaient décorées d’éléments coniques en terre cuite à la surface colorée, dont l’agencement permettait un décor géométrique. Puis, au viii e siècle av. J.‑C., à Gordion (Phrygie) apparaissent les premières formes de mosaïques en galets. Ces sols sont réalisés en galets ramassés dans le lit des rivières ou sur les plages. Jouant sur l’opposition de tons clairs ou plus foncés comme dans la céramique contemporaine, les fonds sont généralement noirs (fin v e siècle-iii e siècle av. J.‑C.). La palette est réduite à la bichromie (noir et blanc) ou à une tétrachromie en noir, blanc, rouge et jaune, avec des variantes locales. L’usage d’éléments céramiques ou de lames de plomb pour souligner les détails apparaît dans le dernier quart du iv e siècle av. J.‑C. Olynthe (avant 348) et Sicyone sont les premiers sites à livrer, principalement dans des édifices privés, de telles mosaïques qui sont attestées dans tout le monde hellénique : Grèce, Asie Mineure, Chypre, Sicile, Grande Grèce. À côté de pavements géométriques se développent des compositions concentriques végétalisantes ou figurées : animaux réels ou fabuleux passant ou combattant (Érétrie) ; scènes marines ; centaures (Sicyone) et Ménades (Olynthe). Ces larges bordures en bandes se réduisent pour faire place à des panneaux centrés ornés de chasses ou de grandes scènes mythologiques : Bellérophon (Rhodes), Thétis et les néréides apportant les armes d’Achille, Amazonomachie… L’expression la plus aboutie se rencontre dans la ville royale de Pella, avec des compositions comme la chasse au cerf signée de Gnôsis, Dionysos ou l’enlèvement d’Hélène. Les mosaïstes recherchèrent une palette plus large que celle offerte par les galets et un matériau plus aisé d’utilisation. Dès le iii e siècle av. J.‑C., ils uti- lisent des galets irréguliers (Olympie, temple de Zeus ; Pergame, Asclépeion ; Assos ; Sparte ; Lykosoura, temple d’Artémis) ou des galets coupés (Délos ; Marseille…). La tesselle taillée sur toutes ses faces ouvre de nouvelles possibilités. À Alexandrie, dans la mosaïque de Shatby (premier tiers du iii e siècle av. J.‑C.), le mosaïste a associé les deux techniques, galets et tesselles, à des éléments taillés aux formes souhaitées (détails des yeux et des fleurons, cercles, ovales). Le lieu d’invention de la tesselle est très discuté, plusieurs artisans semblant être arrivés à la même solution en divers endroits. Des mosaïques de galets sont encore réa- lisées à la fin du i er siècle av. J.‑C., privilégiant désormais les fonds clairs.

RkJQdWJsaXNoZXIy NDM3MTc=