Mosaïque | Blanc-Bijon, Véronique

Mosaïque 1005 recherche de nouvelles couleurs, d’autres matériaux ont été utilisés : terre cuite, faïence, obsidienne ou verre (opaque, translucide et – dès le i er siècle –, à feuille d’or ou d’argent), nacre (à Pergame)… Les analyses pétrographiques montrent que ces matériaux ne sont, souvent, pas de simple récupération mais révèlent les habitudes de travail d’un atelier. Pour des mosaïques de galets et quelques pave- ments témoignant de la transition entre galets et tesselles interviennent aussi des lames de plomb ou de terre cuite servant de guide. Traitant de l’origine de la mosaïque, Pline estime que l’évolution du décor en mosaïque aurait suivi celle de la peinture. Le lien entre mosaïque et pein- ture est avéré. Des sols peints sont connus en Grèce ancienne, dans les mondes égéen (Pylos) et minoen (Mycènes, Tirynthe), technique répandue également dans d’autres zones géographiques (Alexandrie, Arles, Marseille grecque…), et encore en Syrie byzantine (Salamine). Les pavements en « béton » (opus signi- num) étaient entretenus par l’apport de peinture rouge ; pavant une tombe de Naples (fin iv e siècle-début iii e siècle av. J.‑C.), un signinum à insertions de tes- selles blanches irrégulières présente une bordure et un fleuron central peints. Des analyses récentes ont montré la présence de pigments dans les interstices et sur les tesselles, masquant ainsi la discontinuité des matériaux dans un mouve- ment de picturalisation de la mosaïque. Sosos de Pergame (ii e siècle av. J.‑C., vers 133) est le seul maître-mosaïste men- tionné par Pline, qui lui attribue deux chefs-d’œuvre connus par de nombreuses répliques : l’un figure les déchets d’un repas (asarotos oikos) , l’autre des colombes s’abreuvant au bord d’une coupe. D’autres noms sont connus par les inscriptions sur la mosaïque même qui apportent des données importantes, mais parfois dif- ficiles à interpréter : s’agit-il de la signature du mosaïste ou du commanditaire ? En plus des termes déjà évoqués, on rencontre le verbe pingere ou le terme pictor (Carranque, Céphalonie, Thèbes, Timgad…) trahissant l’intervention d’un peintre pour le dessin. La plupart des signatures concernent des mosaïstes ne portant qu’un cognomen , esclaves, affranchis ou patrons d’ateliers qui devaient faire tra- vailler des esclaves ; cependant, à Vaison-la-Romaine, une stèle mentionne un TESS(ellarius ?) ayant les tria nomina , D. Valerius Valentinus ( CIL , XII, 1385). Certaines inscriptions attestent de l’existence d’ateliers : ex officina… Plusieurs lois et édits évoquent les mosaïstes. L’ Édit du Maximum de 301 livre des informations sur leur statut et leur salaire : un tessellarius doit être payé au maximum 50 deniers par jour, un musivarius 60, alors que le pictor imagi- narius peut espérer jusqu’à 150 deniers. Tessellarii et musivarii sont mentionnés en 337 dans une loi qui accorde des exemptions de charges à diverses catégo- ries d’artisans ( Cod. Theod ., XIII, 4, 2 = Cod. Iust ., X, 66, 1). Une autre loi est promulguée à Trèves le 20 juin 374 pour soutenir les pictores , et probablement aussi les maîtres-mosaïstes : s’ils sont libres, les picturae professores ne sont pas

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