Mosaïque | Blanc-Bijon, Véronique

Mosaïque 1015 de différents ateliers : on y a vu les mains de trois maîtres grecs, alors que le cycle de saint Marc paraît être, lui, l’œuvre de mosaïstes vénitiens. Ces ateliers de Constantinople sont actifs aussi, aux côtés de mosaïstes venus d’Occident et du monde islamique dans le royaume normand de Sicile qui, de 1130 à 1194, fera de Palerme le centre d’une intense activité édilitaire où la mosaïque tient un rôle éminent (chapelle palatine, vers 1130‑1143 ; Cefalù, 1130‑1150 ; la Martorana, 1143‑1151 ; Monreale, 1179‑1182). Antérieures à 1168, les mosaïques pariétales de l’église de la Nativité, à Bethléem, attestent des relations entre les Églises d’Orient et d’Occident même après le schisme de 1154 : le pèlerin Focas (1168) écrit avoir vu l’image de l’empereur byzantin Constantin Porphyrogénète, perdue, et une inscription de l’abside principale mentionne les deux commanditaires, Manuel Comnène et Almaric de Jérusalem. Sous les premiers Paléologues, les mosaïstes de Constantinople réalise- ront leurs derniers grands décors : avec la Déisis de la tribune sud de Sainte-­ Sophie, « ex-voto monumental » célébrant la reconsécration de Saint-Sophie et la reconquête de Constantinople commandité par Michel VIII Paléologue, se ressentent l’influence de la peinture d’icône (minutie du dessin, dispro- portions par rapport à l’architecture) mais aussi les liens avec Saint-Marc de Venise ; et les mosaïques des églises de la Vierge Pammakaristos/Fethiye Camii (vers 1310‑1315), des Saints-Apôtres à Thessalonique (1312‑1315, œuvre peut-­ être de mosaïstes macédoniens formés à Constantinople) et surtout de Saint-­ Sauveur-in-Chôra/Kariye Camii (1315‑1321) dont le riche programme illustre les vies du Christ et de la Vierge. Dans l’Occident médiéval, les sols maintiennent la tradition de décors his­ toriés réalisés en tesselles, mosaïques certes plus grossières reproduisant, en tableaux juxtaposés, un répertoire où un bestiaire fantastique – fauves, griffons, centaures, licornes… – s’ébat parmi des scènes de l’Ancien Testament, où, s’il n’est pas question de fouler aux pieds les images du Christ, de la Vierge, des rois et empereurs, on découvre la Jérusalem céleste rêvée par la soldatesque croisée. Nombreux aux xi e -xii e siècles, en Italie (Pomposa ; la Martorana à Palerme ; Tarante, 1161…) et dans la France des prieurés clunisiens (Ganagobie, vers 1129 ; Saint-André-de-Rosans), l’un des plus complexes ensembles est celui d’Otrante (1163‑1165). Enfin, émerge dans ces mêmes siècles une nouvelle technique dont la durée de vie sera limitée : le « cosmatesque », du nom du maitre romain Lorenzo Cosma, sorte de marqueterie en marbre de couleur (dérivant des intarses antiques plutôt que de l’ opus sectile ), dont les éléments géométriques de petits modules sont insérés dans des plaques de marbre blanc ou clair, et ponctuée de tesselles

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