Mosaïque | Blanc-Bijon, Véronique

Mosaïque 1014 (Apamée, portique de la grande colonnade, 469 ; encore à Deir el-Adas, 621). Se développent aussi des thèmes à connotations religieuses marquées, juives ou chrétiennes, où les phases d’iconoclasme laissent des traces importantes. À côté des pavements de synagogues (Sepphoris, Huqoq, Beth Alpha, Beth Shean, Gaza, Hammath Tibériade…), connus aussi en Tunisie (Kélibia, Hammam Lif), les ensembles chrétiens comprennent un très grand nombre d’inscriptions, dédicaces permettant de suivre l’évolution du décor et mentionnant parfois les mosaïstes intervenant dans l’un ou l’autre contexte religieux. Au vi e siècle, les ateliers déve- loppent des répertoires plus locaux ; les mosaïstes des provinces méridionales privilégient le morcellement des scènes, répartissant oiseaux, animaux et person- nages dans de grandes compositions de rinceaux peuplés issues des lourdes bor- dures végétales antérieures. Les récentes découvertes des basiliques d’Hilarion à Nuseyrat et de Jabaliyeh rappellent l’existence d’ateliers de mosaïstes actifs autour de Gaza, de la fin du iv e aux vi e -vii e siècles, mais c’est toute la Palestine, centrée sur Jérusalem, qui est particulièrement active avec de très nombreuses fondations d’églises qui deviennent d’importants centres de pèlerinage. Outre Jourdain, un très riche cor- pus de mosaïques est la production des mosaïstes du mont Nébo et de la ville de Madaba où a été découverte en 1867 la célèbre carte des terres bibliques figurées en mosaïque (vers 560), dont les vignettes topographiques des villes seront encore reprises dans le tardif pavement de l’église Saint-Étienne à Umm-er-Rasas (785) ; durant la « Renaissance justinienne », un retour à la mythologie classique se manifeste avec éclat dans la mosaïque de la salle d’Hippolyte. Si on attribue à la période iconoclaste (viii e -ix e siècles) la destruction de certaines figurations, plus tard « rafistolées », rien n’interrompt le rythme des décors des fondations chrétiennes d’autant plus qu’en Orient aussi l’art de la mosaïque perdure bien après la conquête arabe, ornant de représentations urbaines ou de jardins exubé- rants les parois de mosquées (dôme du Rocher à Jérusalem, 691‑692 ; Damas, vers 715…), pavant de tapis géométriques à entrelacs les palais omeyyades (Qastal ; Qasr al-Hallabat ; Khirbat al-Mafjar, 724‑743). Aux xi e -xii e siècles, la primauté est aux ateliers de mosaïstes constantino- politains qui s’exportent, réalisant tout aussi bien les décors des églises monas- tiques de Grèce (Hosios Loukas, début xi e siècle ; la Néa Moni de Chios, 1049‑1055 ; Daphni, vers 1100). Apportant avec eux des habitudes tech- niques et iconographiques byzantines, ils sont aussi présents à la basilique Ursiana de Ravenne (1112), à Torcello, à Saint-Marc de Venise, pour le décor du premier état (1071‑1094) puis après le tremblement de terre de 1117, les mosaïques aujourd’hui visibles n’ayant été réalisées qu’aux xii e -xiii e siècles, et complétées aux xvi e -xvii e siècles sur des cartons du Titien et du Tintoret. L’analyse des techniques et des matériaux a mis en évidence l’intervention

RkJQdWJsaXNoZXIy NDM3MTc=