Mosaïque | Blanc-Bijon, Véronique

Mosaïque 1013 impériale, à Sainte-Sophie de Constantinople, où figurent, sous le regard de la Vierge à l’enfant du ix e siècle et aux côtés du Christ, les empereurs Léon VI (886‑912), Alexandre (912‑913), puis Constantin IX Monomaque et Zoé (après 1042), enfin Jean II Comnène et Irène (vers 1122). Dans la Roma christiana , des iv e -xiv e siècles, les commanditaires sont, par excel- lence, les papes, alliant initiatives idéologiques et artistiques : au v e siècle, Léon le Grand (440‑467) préside au décor de Saint-Pierre, de celui de Sainte-Marie-Majeure commencé sous Sixte III (432‑440), Sainte-Sabine, Saint-Paul-hors-les-Murs… ; à Pascal I er (817‑824), on doit les mosaïques de Sainte-Praxède, Santa Maria in Domnica, Sainte-Cécile, inspirées de Saints-Cosme-et-Damien (527‑530) ; des restaurations renouvellent les mosaïques de Saint-Pierre sous Innocent III (1198‑1216), Grégoire IX (1227‑1241), Nicolas III (1277‑1280), mais aussi de Saint-Paul-hors-les-Murs (sous Honorius III, 1216‑1227), de Sainte-Marie-­ Majeure (sous Nicolas IV, 1277‑1280)… L’abside de cette dernière est réalisée, au xiii e siècle, par Jacopo Torriti, fortement inspiré du monde byzantin, que l’on voit au travail avec son aide, Jacopo da Camerino, sur un fragment de l’abside de Saint-Jean-du-Latran. Cette activité des mosaïstes se révèle dans toute l’Italie. Partout, des écoles continuent d’émerger. En Tunisie, les très nombreuses mosaïques de pavement connues dans les églises montrent un répertoire des plus communs : à côté des trames géométriques parfois végétalisées, des croix, chrismes, paons, cerfs s’abreuvant aux fleuves du Paradis, poissons, Daniel dans la fosse aux lions… Se distingue, en Byzacène intérieure, une école tardive de mosaïstes active aux vi e -vii e siècles, tant pour ces sols d’églises que pour des pavements ornant des édifices laïques, villae et thermes privés, usant de scènes empruntées à la mythologie gréco-romaine (Hr Errich, El Ouara, Sidi Ali ben Nasr Allah, Ouled Haffouz…). On conserve pour ces périodes quelques signa- tures d’ateliers : ex officina magistri Bictoriani et Victorini , à Hr Errich. Mais la mosaïque ne s’arrête pas à la conquête arabe, et l’on trouve encore deux pave- ments en tesselles au décor géométrique et végétal pavant, au début du x e siècle, la salle du trône du palais fatimide dit Qasr al-Qaïm, à Mahdia. Dans l’Orient du v e siècle, le répertoire évolue avec la diffusion de compo- sitions en lacis et en entrelacs, puis l’emprunt aux tissus sassanides de trames couvrantes plus légères, à semis de boutons de roses, voire de perroquets enru- bannés, sur lesquelles peut se détacher un motif figuré (mosaïque du Phénix de Daphné ; du « Lion passant » à Antioche), semis qu’apprécieront les mosaïstes dans les basiliques de Palestine (Jérusalem, Gaza…). Avec les décors géomé- triques, scènes de chasse et catalogues d’animaux sont fréquents, parfois dispo- sés de manière qu’il n’y ait pas de point de vue privilégié ; parfois, thématique et orientation traduisent des réalités : scènes de la vie urbaine (Antioche, bordure de la Mégalopsychè, vers 450‑469), caravanes de chameaux et paysages ruraux

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