Mosaïque | Blanc-Bijon, Véronique

Mosaïque 1012 La voûte annulaire du mausolée de Constance à Rome (337‑351), avec ses motifs païens, est encore empreinte des schémas des mosaïques de sol, mais aussi des plafonds peints antiques ; tout autre est la mise en page de la voûte du mausolée de Centcelles (milieu ou fin iv e siècle), en cercles concentriques, où des thèmes bibliques s’insèrent entre les activités du défunt. La tombe des Iulii (nécropole sous Saint-Pierre de Rome, époque constantinienne), où le Christ figure sur le char d’Hélios dans des rinceaux de vigne, est un des premiers témoins de ces mosaïques à sujet chrétien. Avec nombre d’emprunts à la tradition iconogra- phique classique, dès 400, un répertoire véritablement chrétien (Christ trônant, apôtres, évangélistes, chrisme…) se constitue pour orner les églises (abside de Sainte-Pudentienne, Rome ; baptistère San Giovanni, Naples). Sur la coupole de la Rotonde Saint-Georges à Thessalonique (peut-être, à l’origine, le mau- solée de Constantin), les représentations d’architectures sous les arcades des- quelles se tiennent des personnages masculins (évêques, prêtres, soldats…), les anges supportant le médaillon central où figurait le Christ dans une Apotheosis , mosaïque réalisée à l’époque de Constantin ou de Théodose (début ou fin du iv e siècle ?), témoignent de la transition vers une esthétique proprement byzan- tine. Si les discussions théologiques des premiers temps de la nouvelle religion ont du mal à être traduites en images (hormis la reconnaissance de Marie comme mère de Dieu, au concile d’Éphèse, en 431), c’est dans la Bible que les mosaïstes puisent leur nouveau corpus (Sainte-Marie-Majeure, Rome, 432‑440). Élevant les regards et l’âme vers le ciel, les rinceaux de vigne sont particulièrement bien adaptés aux courbes des voûtes, alors que coupoles, absides et lunettes récep- tionnent les images glorifiées par des fonds dorés. Perdure cependant toujours toute une thématique traditionnelle. Un ensemble, qu’une fouille permet d’attribuer désormais au début du vi e siècle, est révélateur : les mosaïques du Grand Palais de Constantinople, la domus impé- riale, avec ses scènes de chasse, combats entre animaux réels ou fantastiques, et ses éléments mythologiques comme Bellérophon et la Chimère. Le rôle de commanditaire de la famille impériale est majeur et la mosaïque, médium de l’art officiel, sert parfaitement le pouvoir temporel. Ce couple pou- voir temporel-nouvelle religion va user de la mosaïque comme d’un instrumentum regni , de Constantinople jusque dans la Sicile des Normands. Dernière capitale de l’Empire d’Occident, Ravenne s’illustre aux v e -vi e siècles avec des programmes iconographiques en accord avec la fonction des édifices. Prédomine un « natura- lisme très vivant » s’exprimant « par le rendu des volumes, du modelé et de l’es- pace » (mausolée de Galla Placidia, 425‑450 ; baptistère de Néon, vers 450 ; Saint-Apollinaire-le-Neuf, 493‑526). À Saint-Vital (525‑548), le thème de la Rédemption est affirmé par une cour rassemblée autour de ses empereurs, Justinien et Théodora. Image que l’on va retrouver dans la nouvelle capitale

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