Mosaïque | Blanc-Bijon, Véronique

Mosaïque 1011 En Orient, la tradition hellénistique, polychrome, ne connaît pas de véritable interruption. À la suite d’Alexandrie et de Pergame, des mosaïques ornent déjà, au i er siècle av. J.‑C., les palais d’Hérode à Massada, à Jéricho ; en Palestine, les ateliers sont très actifs dans des contextes tant gréco-romains que juifs. Dans ces provinces de Syrie et de Palestine, la mosaïque est un art « illusioniste » s’attachant à rendre la profondeur et le relief, mais aussi empreint de symbolisme et ouvert aux discussions philosophiques (allégories). Très différentes de celles de l’Occident, les conditions politiques dans ce monde de culture grecque autorisent un pro- longement de l’art de la mosaïque antique jusqu’aux vi e -vii e , voire viii e siècles. Les mosaïques d’Antioche et de sa région sont un jalon essentiel en raison de la prospérité de la ville, et des datations offertes par les pavements du ii e au vi e siècle. Les mosaïques restent longtemps organisées autour d’un tableau cen- tral, parfois plusieurs tableaux formant de longs panneaux, et s’insèrent dans des compositions géométriques. Les thèmes mythologiques sont variés, comme c’est le cas aussi à Homs/Émèse (à la fin des Sévères), Shahba-Philippopolis (à par- tir de Philippe l’Arabe), Apamée (sous Julien), Zeugma, extraordinaire site sur le limes qui vient de livrer tant de pavements et les noms de deux mosaïstes, Zôsimos de Samosate et Quintus Calpurnius. On a pu parler de « classicisme équilibré » à l’époque d’Hadrien, de « baroque » sous les Sévères, puis du goût des architectures en trompe-l’œil au milieu du iv e siècle. Datée par une mon- naie de Constantin (vers 325‑330), la villa constantinienne à Daphné introduit une esthétique nouvelle usant d’un style « arc-en-ciel », véritable innovation dont l’apogée se situe dans la seconde moitié du iv e siècle. Des personnifications remplacent petit à petit les divinités. Les tapis deviennent plus unitaires et l’on constate le passage à la « mosaïque-tapis » qui sera celle des basiliques chrétiennes. Mosaïque paléochrétienne, byzantine et médiévale Un nouvel Âge d’or de la mosaïque intervient lorsque les mosaïstes se mettent à travailler aussi pour la gloire de l’Église. En attestent les très nombreux édifices chrétiens conservés tout autour de la Méditerranée. La mosaïque orne désormais pavements, voûtes, baptistères, tombes. Cependant des indices montrent que les mêmes ateliers peuvent réaliser les mosaïques tout aussi bien des maisons et tombes privées que des églises. La présence de mosaïque sur parois et voûtes est ancienne, mais le iv e siècle témoigne d’un usage plus systématique, mettant en œuvre principalement des tesselles en verre, opaque ou à feuille d’or, et des supports en mortier de chaux plus légers sur lesquels on retrouve des tracés préparatoires très détaillés, véri- tables ébauches peintes. Ceci accompagne un renouvellement des thématiques.

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