Mort, rites de la | Ravis-Giordani, Georges

Mort, rites de la 1001 sexuelles, de se raser, de laver son linge et d’en changer. Dans la seconde période (chelochim) , qui va du 8 e au 30 e jour, une partie de ces interdits sont levés ou assouplis. Commence alors la période la plus longue, un an, pendant laquelle la famille s’abstiendra de participer à toute manifestation joyeuse. En islam, le deuil pour la femme dure 4 mois et 10 jours (al-‘udda) mais pour l’homme aucune période de deuil n’est indiquée dans le Coran. Dans des régions comme la Sicile ou la Corse, imprégnées de tous les cou- rants culturels de la Méditerranée, on retrouve certains rites qu’on pourrait croire d’inspiration judaïque ou musulmane ; ainsi Pitrè signale qu’en Sicile, les proches doivent s’abstenir de sortir de la maison pendant les neuf premiers jours après l’inhumation ; la maison est tenue dans la pénombre, et la famille continue d’y recevoir les condoléances. Dans les colonies albanaises de Sicile, on s’assied par terre sur le matelas tiré du lit du mort ; l’usage prescrivait de ren- verser les meubles. D’une façon générale, dans les communautés chrétiennes, le deuil dure de 3 mois à 1 an, voire 2, selon le degré de parenté ; pour la mort d’un fils ou d’un mari, le deuil des femmes est souvent définitif. Chez les Saracatsans, nous dit Georges Kavadias (1965), la durée du deuil est inversement proportionnelle à l’âge du défunt, pour peu que celui-ci ait atteint l’âge adulte. Dans les trois religions, le deuil des enfants morts en bas âge (moins de 7 ans) est plus léger. Pendant les premières semaines, la famille remplit encore certains devoirs précis vis-à-vis du mort ou de la communauté. En Kabylie, les femmes, le lendemain de l’inhumation, vont porter sur les tombes des œufs, des figues et les restes du repas de couscous du banquet funèbre. Pendant cinq vendredis consécu- tifs, elles feront de même. Chez les Saracatsans, conformément au rite orthodoxe, les 3 e , 6 e , 9 e , 40 e jours et le premier anniversaire sont des jours de commémoration du défunt. La famille prépare les gâteaux des morts (kolyva) faits de grains de blé bouillis, additionnés de sucre, que l’on va porter à l’église où ils seront bénis et dis- tribués. Pour le banquet du premier anniversaire, la famille mange avec les autres, réintégrant ainsi pleinement la communauté. En Corse, autrefois, les familles tra- ditionalistes avaient coutume de mettre la maison en deuil, en fermant les volets, non seulement au jour anniversaire de la mort du père de famille mais toutes les semaines, au jour de la semaine où il était mort. Et la nuit du 2 novembre, cer- taines familles ont encore coutume de mettre de la nourriture et de l’eau sur le bord de la fenêtre ou même dans la maison, au bord de l’âtre ; le lendemain, on vient interpréter les traces laissées dans la cendre pour voir si les morts sont venus. Peut-on à travers l’examen comparatif de ces rites dégager une spécificité méditerranéenne ? Notons pour commencer l’absence ou la disparition depuis des temps très anciens de certaines formes de rituels qu’on trouve ailleurs dans le monde : l’endocannibalisme (Amazonie, Asie du Sud-Est), la momification

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