Mort, rites de la | Ravis-Giordani, Georges

Mort, rites de la 1000 sobre : le corps du défunt revêtu de son seul linceul est descendu dans la tombe, couché sur le côté droit, le visage tourné vers La Mecque. Chacun jette une poi- gnée de terre sur le corps ; dans certaines communautés, on dépose des graines de plantes ou l’on asperge la tombe avec de l’eau de fleur d’oranger. Les rites de funérailles font une large place à la nourriture, soit par les inter- dits auxquels sont soumis les proches, soit par l’organisation de repas cérémo- niels dans lesquels on a voulu voir le lointain écho de rites d’endocannibalisme. L’inhumation terminée, la famille offre un repas à ceux qui l’ont assistée ; l’im- portance et la richesse de ce repas varient d’une religion à l’autre. Chez les juifs, il s’agit d’une collation très sobre, pain, œufs durs, lentilles, olives. Chez les Arabes nomades du Moab, nous dit Antonin Jaussen, la famille est hébergée et nour- rie, trois jours durant, dans des familles amies. En Kabylie, ce sont également les voisins qui, par solidarité, assurent les frais d’un repas abondant à base de cous- cous. Mais les familles les plus aisées peuvent aussi offrir, pris sur le troupeau du défunt, un grand repas à base de viande, qui est distribué dans tout le voisinage. Pendant les trois jours suivants, les femmes apportent sur la tombe de la nourri- ture que les pauvres pourront venir manger. Le troisième jour, elles vont manger sur la tombe et vont ensuite voir une femme experte en nécromancie, qui entame un dialogue avec le mort. Chez les chrétiens, le repas qui suit l’inhumation et qui est offert, sinon préparé, par la famille du défunt (lui-même y a parfois pourvu dans son testament) rassemble autour d’un repas copieux et arrosé tous les par- ticipants aux obsèques. En Sicile, nous dit Pitrè, ce repas était un véritable fes- tin, qui pouvait s’étaler sur trois jours. Il arrivait que le cortège soit suivi par un âne porteur des victuailles. On distribuait aussi aux pauvres des petits pains en forme de croix, appelés ‘ncrinkiet . En Corse, selon Pierre Lamotte, au milieu du xx e siècle, le menu de cette manghjaria ou encore preteria (car son éclat dépen- dait du nombre de prêtres invités) incluait un bouillon de volaille, un ragoût de viande, un ragoût de haricots secs, du fromage, du café, du vin et de l’eau-de-vie, mais pas de fruits. Chez les Saracatsans (pasteurs nomades de Grèce), le banquet funèbre est à base de mets sans viande auxquels la famille s’abstient de toucher, car « le deuil coupe l’appétit ». On chante des miroloia (lamentations). On peut faire l’hypothèse que ces repas, quels que soient leur importance et leur contenu, ont pour but de mettre en scène et de consacrer le maintien (ou la réaffirmation) de la solidarité communautaire et qu’ils préludent au retour de la famille endeuillée dans la communauté. Tout n’est pas fini pour autant avec l’inhumation du mort. Pour la famille commence la période du deuil proprement dit ; en réalité, elle se décompose en plusieurs phases successives, de la plus intense à la plus ténue. Chez les juifs, pendant la première période (chivah) , qui dure 7 jours, il est interdit de s’asseoir autrement que sur le sol, de travailler, d’étudier la Torah, d’avoir des relations

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