Mort, rites de la | Ravis-Giordani, Georges

Mort, rites de la 997 Mort, rites de la En mettant fin au processus vital dans le corps d’un individu, la mort libère au sein du groupe social un principe de souillure ; le corps du mort est contagieux, et il communique ce caractère à tous ceux qui l’approchent. Cette dimension fortement symbolique imprègne les traits communs et les différences entre les trois grandes religions qui se partagent l’aire méditerranéenne. L’ensemble des rites, qui vont de l’agonie jusqu’aux rites commémoratifs du défunt, constitue une trame que l’on retrouve à peu près partout mais différem- ment accentuée : l’accompagnement du mourant, l’annonce du décès, l’expres- sion de la douleur et les lamentations, la toilette du mort, les condoléances, la veillée, l’accompagnement du mort de la maison à la tombe, la mise au tom- beau, le repas cérémoniel, les rites mémoriels et commémoratifs. Les derniers instants de la vie sont ritualisés sous le double signe de la dette et de la délivrance. L’entourage veille à ce que le mourant s’acquitte des dettes de toutes sortes qu’il a pu contracter au cours de sa vie. Si l’agonie se prolonge, c’est que le mourant expie d’anciennes fautes ; on s’efforce donc de l’aider en l’in- citant à dire une dernière fois la profession de foi du croyant (Shahada, Chema Israël, Credo), mais aussi en recourant à des procédés moins spirituels : allu- mer un cierge de la chandeleur (Sicile), placer sous la tête du mourant un joug (Corse), promettre la distribution aux pauvres d’une partie de la récolte. Les der- niers gestes, les mimiques du mourant augurent en bien ou en mal de son des- tin dans l’au-delà. Ses dernières paroles ou volontés sont sacrées ; chez les juifs, elles ont même valeur d’écrit. Dès que la mort est constatée, on annonce le décès à la communauté, soit de bouche à oreille, soit dans le monde chrétien, par la sonnerie du glas, diffé- rente selon le sexe ou l’âge du défunt. Dans toutes les communautés médi­ terranéennes, quelle que soit la religion, on ferme les volets, on voile les miroirs, on vide l’eau, on éteint le feu ; parfois même, comme en Kabylie, on dépose à l’extérieur de la maison des objets usuels du défunt. Puis on procède à la toi- lette funéraire. Dans les familles juives, les proches pratiquent dans le côté droit

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