Montagne | Albera, Dionigi

Montagne 979 chaînes et des sommets élevés (c’est le cas de Chypre, de la Crète, de la Sicile, de la Sardaigne, de la Corse). L’orogenèse nous renvoie à deux processus : celui de la formation des chaînes varisques (également connues sous la définition de massifs hercyniens) et celui du plissement alpin. Les montagnes du premier type, plus anciennes, sont moins élevées et moins escarpées, comme la Meseta espagnole, le plateau cen- tral marocain ou le plateau anatolien. Les secondes, majoritaires dans le monde méditerranéen, ont un profil plus abrupt et des altitudes plus importantes. Les dernières remontées postglaciaires du niveau marin jusqu’il y a – 6 000 sont venues ennoyer en de nombreux endroits ces reliefs vigoureux. Ces côtes de sub- mersion au profil escarpé de littoral récent sont majoritaires en Méditerranée au point d’être devenues les images les plus répandues de la région, où la mon- tagne semble rencontrer la mer. Dans ce vaste ensemble, peut-on délimiter une montagne véritablement médi- terranéenne ? La tâche est loin d’être facile. Doit-on s’arrêter aux portions de ces chaînes immergées dans le bassin via les péninsules Italienne ou Grecque, ou directement surplombant la mer ? Cette vision minimaliste ne semble pas justi- fiée, car les interrelations entre la montagne et la mer ne se mesurent pas en un décompte kilométrique précis. Il faut plutôt accepter un dégradé, et se résigner à une certaine imprécision. Certes, les influences méditerranéennes s’estompent au fur et à mesure que les montagnes s’éloignent de la côte, sans pourtant s’an- nuler complètement. C’est le cas, par exemple, des Alpes et des montagnes dina- riques, ouvertes au nord et à l’est à des climats continentaux, ou du Haut-Atlas, qui au sud ressent des apports sahariens. Le problème est plus général. Si la montagne semble s’imposer comme une évidence – matérialisée par sa présence épaisse et ses contours nets, tellement clairs sur la toile de fond du ciel – les choses se compliquent lorsqu’on veut arri- ver à une définition précise, en isolant des critères univoques qui permettent d’identifier un relief comme étant « une montagne ». L’altitude, bien sûr, est un attribut important de ce point de vue, et on a parfois suggéré la ligne des 600 m comme limite inférieure de « la montagne ». Mais ce critère n’est qu’indicatif, car beaucoup d’autres facteurs entrent en jeu – notamment la raideur de la pente, le climat et la latitude – entraînant des oscillations importantes. Cela est d’autant plus vrai pour les montagnes méditerranéennes. D’innombrables facteurs contri- buent dans ce cas à accentuer la diversité et à multiplier les idiosyncrasies : caractéristiques du relief, latitude, orientation, humidité, tout concourt à multiplier les différences locales.

RkJQdWJsaXNoZXIy NDM3MTc=