Monothéisme | Boudignon, Christian

Monothéisme 971 Les rabbins juifs, tout en entérinant le modèle de résistance des Maccabées à l’idolâtrie, essaieront au ii e siècle apr. J.‑C. de reconstruire une religion juive sans le temple de Jérusalem et sans l’État juif né de la révolte des Maccabées. Bref, le principe monothéiste – un seul Dieu et pas de culte d’image/idole de Dieu – avait largement triomphé dans le judaïsme hellénistique et dans ses deux rejetons : le christianisme et le judaïsme rabbinique. La cristallisation du principe monothéiste s’est donc faite en Judée, pays méditerranéen s’il en est, à un moment de confrontation entre une idéologie méditerranéenne, internationale, d’équivalence des religions (celle du roi grec Antiochos IV) et une défense de l’exception cultuelle judéenne, pour simplifier à l’extrême les raisons de ce conflit…Cette guérilla méditerranéenne entre littoral et montagne est un « maquis » ; elle commence par la fuite de Judas Maccabée, de son père et de ses frères « vers les montagnes » (I Maccabées, II, 28). De cette Judée montagneuse, le monothéisme a essaimé dans toute la Méditerranée. Ce sera notre troisième étape. Le triomphe politique du monothéisme : i er -iv e siècles apr. J.‑C. Dans les trois premiers siècles, le christianisme reprend sans y toucher l’héri- tage monothéiste du judaïsme. L’apôtre Paul écrit dans sa première lettre aux Corinthiens (viii, 4‑6) : « Nous savons qu’une idole dans le monde n’est rien et que nul n’est dieu sinon un seul. À supposer même qu’il y ait de prétendus dieux au ciel ou sur terre, voire des dieux multiples et seigneurs multiples, pour- tant pour nous, il n’y a qu’un seul dieu (théos) : le Père, de qui tout vient et à qui nous sommes et il n’y a qu’un seul seigneur (kyrios) : Jésus, messie, par qui tout est et par qui nous sommes. » La seule nouveauté théologique apparente, pour ainsi dire, du christianisme primitif  3 , c’est cette croyance en deux puissances célestes, le « Dieu » unique et son représentant sur terre, le « Seigneur ». Mais, comme l’a montré Daniel Boyarin dans son livre La Partition du judaïsme et du christianisme , il s’agissait en fait d’une opinion largement répandue dans le judaïsme d’alors. C’est par ses prédicateurs que le christianisme va répandre l’idée monothéiste dans tout l’Empire romain. Paul et les autres prêcheurs itinérants durant près d’un siècle s’appuient sur les juifs de la diaspora pour diffuser ce qui n’est à l’origine qu’une forme particulière de judaïsme. C’est aussi par ses martyrs que le christianisme 3. Nous ne pouvons ici aborder les développements trinitaires que cette position théologique entraînera, surtout à partir du concile de Nicée en 321.

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