Médecine | Buzzi, Serena; Ferracci, Elsa

Médecine 894 (vers 625‑690) joue dans le domaine de la chirurgie un rôle comparable à celui d’Alexandre de Tralles dans celui de la médecine. C’est lui qui, dans son Abrégé de médecine en sept livres, répartit en deux grands secteurs l’inventaire des mala- dies chirurgicales. Il décrit ainsi des techniques précises comme la trachéotomie, l’ablation des ganglions et des tumeurs superficielles, ou encore le traitement des anévrismes traumatiques. On voit donc que ces auteurs ne se contentent pas de récrire les textes de leurs prédécesseurs : chacun apporte un élément inédit, par exemple en décrivant une nouvelle technique opératoire, en ajoutant une plante inconnue à l’herbier de Pline, en complétant la pharmacopée de Dioscoride par une nouvelle composition apprise en Perse ou en Inde. Il faut aussi rappeler ici qu’au vi e siècle, le livre indique le code de parchemin correspondant à au moins cinq rouleaux ; les œuvres d’Aetius, Alexandre de Tralles et Paul d’Égine pré- sentent donc une longueur équivalente à celle du corpus d’Oribase. La tradition veut que l’on appelle « médecine arabe » la volumineuse produc- tion de textes écrits en langue arabe léguée par les médecins depuis les grandes conquêtes du vii e siècle jusqu’au xiv e siècle. Abû Bakr Muhammad ibn Zakariyyâ al-Râzî, dit Rhazès (865‑925), écrit de nombreux ouvrages sur la goutte et les calculs rénaux ou urinaires. De plus, n’hésitant pas à contredire Galien, il établit une différence entre plusieurs maladies éruptives et rédige un traité sur la variole et la rougeole. Ses élèves tirent de ses extraits des œuvres médicales grecques, arabes, persanes, indiennes et des leçons cliniques rassemblées, après sa mort, dans un livre appelé, dans la version latine, le Continens , sorte d’encyclopédie médicale. Si le régime abbasside reste florissant jusqu’au milieu du xi e siècle, aucun médecin n’acquiert une gloire comparable à celle d’Abû ‘Alî Husayn ibn ‘Abd Allâh ibn Sînâ, dit Avicenne (980‑1037). À l’époque d’Avicenne, au x e siècle, l’État abbas- side, qui s’étendait de l’Afghanistan actuel à l’Espagne musulmane, commençait à se démembrer et l’autorité du calife de Bagdad n’était plus reconnue, mais cette recherche des esprits éclairés allait enrichir la civilisation islamique, qui devint très brillante et donna naissance à une science internationale. Avicenne, à travers ses ouvrages (Canon de la médecine, Le Livre de la guérison de l’âme, Le Livre de science) , définit les conditions de la recherche en matière de médicaments et les principes généraux concernant l’action des remèdes et les méthodes. Il développe ses connaissances dans des domaines aussi variés que l’astronomie, la mécanique, l’acoustique, la musique et l’optique. Certaines de ses plus grandes contributions, inspirées des principes d’Aristote, concernent l’étiologie, la médecine prophylac- tique, l’ophtalmologie, la gynécologie, la sémiologie et l’observation du pouls ou sphygmologie. Parmi ses écrits figure le Canon de la médecine , qui établit une revue de toutes les maladies de l’homme, de la tête jusqu’aux pieds, et qui appar- tient à l’enseignement obligatoire des universités occidentales pendant huit siècles. Rien n’y est oublié, pas même l’amour, qui est classé parmi les maladies cérébrales,

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