Médecine | Buzzi, Serena; Ferracci, Elsa

Médecine 893 et de l’auscultation pour poser le diagnostic et le pronostic, analyse rationnelle des signes : la continuité des approches cliniques et déontologiques signale une spéci- ficité de la pensée médicale occidentale désormais constituée, qui repose sur une conception commune de la santé comme équilibre, d’une relation médecin-malade fondée sur la confiance, le respect et le consentement du malade au traitement, et d’un art médical conçu comme science de l’homme pour l’homme. Le Moyen Âge, souvent considéré comme une période culturellement sta- gnante, est en vérité dotée d’une grande vitalité. De fait, la médecine de la fin de l’Empire romain d’Occident, en 476 apr. J.‑C., jusqu’à la prise de Constantinople par les Turcs, en 1453, n’est pas celle de la Rome impériale et continue dans la partie orientale de l’Empire : les médecins ont travaillé, réfléchi, écrit, amélioré leurs connaissances et leur vision de la santé et des maladies. Cependant, il est difficile d’apprécier ce que nous a légué cette époque car de nombreux docu- ments ont été perdus et ceux, dont nous disposons, restent difficiles à interpréter. Au début du monachisme chrétien, le concept d’aide est lié à la fourniture de logements aux pauvres, aux pèlerins, aux malades et aux indigents. Des pèle- rins, partant de la Gaule, vont faire leurs dévotions et chercher une guérison, soit à Rome au tombeau de saint Pierre, soit à Jérusalem au Saint-Sépulcre. Les rela- tions commerciales entre les deux extrémités de la Méditerranée, puis les croi- sades amplifient le flux de ces voyages aussi pieux que thérapeutiques. Au haut Moyen Âge, le culte des reliques miraculeuses devient une pratique catholique courante. À partir de la fin du x e siècle, le pèlerinage le plus réputé avec celui de Rome est celui de Saint-Jacques-de-Compostelle en Galice, lieu où l’on crut avoir découvert la dépouille de l’apôtre Jacques. Ces chemins de pèlerinage dis- posaient de refuges et de lieux pour l’accueil des pèlerins dans les points nodaux de ces voies, par exemple au Grand Saint-Bernard. Des premiers siècles, où l’Empire n’est plus parfaitement romain ni encore orientalisé, date l’œuvre d’Oribase de Pergame (vers 325‑403), maître et compa- gnon de l’empereur Julien. Ce grand savant entreprend une vaste encyclopédie médicale, partiellement conservée (il en reste un tiers). Oribase reprend d’impor- tants textes rédigés par plusieurs de ses prédécesseurs, tels Archigène, Dioscoride, Antyllus. Il condense ses travaux dans trois manuels, dont la Synopsis destinée à l’instruction de son fils. Cet ouvrage, traduit en latin, reste longtemps en usage en Occident. Sans le compilateur Aétius d’Amida (527‑565), auteur d’un traité en seize livres, le De re medica , plusieurs autres médecins seraient tombés dans l’oubli. Cet auteur insiste notamment sur l’indispensable précision des diagno­ stics et perfectionne l’uroscopie. Alexandre de Tralles (525‑605), contemporain de l’empereur Justinien, dans ses douze Livres de médecine , répertorie et décrit méthodiquement toutes les maladies. Il est l’un des premiers à considérer l’expé- rience personnelle aussi nécessaire que la connaissance des Anciens. Paul d’Égine

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