Médecine | Buzzi, Serena; Ferracci, Elsa

Médecine 897 qui rejette Aristote et Galien, et verse dans un ésotérisme philosophique, selon lequel l’organisme humain ne représente qu’un miroir infime du macrocosme, chaque viscère s’associant à un astre selon des rapports réciproques. Il utilise aussi son expérience acquise dans les mines en introduisant les terres, les métaux et les métalloïdes dans la pharmacopée. Il conserve un symbolisme très fort hérité du Moyen Âge, mais montre aussi dans ses observations les germes d’un rationa- lisme expérimental qui va bientôt s’étendre sur l’Europe. Malgré les tentatives des innovateurs tels que Paracelse ou Leonardo Fioravanti (1510‑1588), adversaire de la théorie humorale et promoteur de la priorité de l’expérience sur la théo- rie, la Renaissance témoigne toujours de la dualité profonde entre réformisme et traditionalisme : à la fin du xv e siècle, la médecine se dit encore à la recherche de l’élément causal de la pathologie et reste donc encore associée à l’ensemble du savoir que les contemporains nomment philosophie. La découverte de l’anatomie descriptive appliquée sur le corps humain marque une étape indispensable et irréversible de l’évolution de la science médicale, qui se dégage peu à peu du carcan de la philosophie. Il faut attendre le siècle suivant pour que s’éveille et s’accomplisse enfin une rationalité fondée sur l’observation et la vérification, quand les querelles d’ordre métaphysique font place à la raison et à une perception du monde fondée sur le matérialisme. Ce nouveau rationa- lisme expérimental, qui a fait son chemin dans les écoles italiennes de Padoue et de Bologne, est représenté par WilliamHarvey (1578‑1657) qui bouleverse les idées traditionnelles sur le mouvement du sang, en mettant en évidence la circulation sanguine dans son ouvrage de 1628, intitulé Exercitatio anatomica de motu cordis et sanguinis in animalibus . Ce traité est un modèle de raisonnement déductif où le médecin réfléchit à partir de ses propres observations. Il constate que le réservoir moteur du sang ne se situe pas dans le foie, mais dans le cœur, que les artères ne contiennent pas de l’air, mais du sang, que le sang ne se renouvelle pas en per- manence, mais représente un volume constant en mouvement perpétuel. On assiste alors à une remise en cause du système d’Hippocrate fondé sur les quatre humeurs, grâce à la découverte d’un autre système, le lymphatique. Rappelons ici les noms de Gaspare Aselli (1581‑1625), découvreur des vaisseaux chylifères, et de Gabriele Falloppio (1523‑1562), auteur d’admirables découvertes anato- miques et d’une exacte description de la structure des trompes utérines, appelées dès lors trompes de Fallope. Grâce à ces découvertes, on ne peut plus concevoir d’équilibre entre les quatre humeurs, et les bases de la thérapeutique qui avaient inspiré la pratique médicale depuis des siècles, se voient soumises à de nouvelles questions. En Hollande, l’opticien Anton Van Leeuwenhoek (1632‑1723) est le premier d’une longue liste de savants à s’occuper de la micrographie, se faisant le champion de l’emploi et de la manipulation du microscope, instrument qui révo- lutionne le champ d’investigation des sciences de la vie, et en particulier de la

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