Marathon, bataille de | Aurigny, Hélène

Marathon, bataille de 843 utilisent le prétexte des guerres médiques (Marathon n’étant plus vraiment dis- tingué de Salamine et de Platées) pour justifier la conquête de l’Asie contre un ennemi héréditaire. Au ii e siècle av. J.‑C., les souverains attalides mettent leur victoire contre les Galates au même plan que les guerres médiques, en parti- culier Marathon, contribuant ainsi à l’exaltation du mythe de Marathon sur le thème de la lutte contre l’envahisseur. Le relais par la rhétorique de l’époque romaine l’aide à entrer dans les références modernes. Les révolutionnaires fran- çais, les généraux de la Première Guerre mondiale, ceux du régime des colo- nels en Grèce n’ont pas hésité à faire de Marathon le modèle et la référence du conflit qui les opposait à un ennemi, forcément barbare ; enfin la bataille de Marathon est à l’origine d’un modèle occidental de la guerre, celui du choc des fantassins dans la bataille frontale unique (Hanson, 2004). La bataille de Marathon a toutefois peu inspiré les artistes dans l’art occidental moderne : les rares exceptions représentent la version mélodramatique transmise par Lucien ( Le Soldat de Marathon annonçant la victoire , sculpté par Jean-Pierre Cortot en 1834, ou Le Soldat de Marathon peint par Luc-Olivier Merson, prix de Rome 1869) et seul un tableau de Georges Rochegrosse de 1910, Le Héros de Marathon, l’attaque , illustre l’assaut des Grecs pendant la bataille (musée des Beaux-Arts de Nîmes). Marathon joue un rôle significatif dans l’histoire de la Méditerranée, dans la mesure où la bataille coïncide avec le développement d’une rhétorique qui cristallise l’opposition entre Orient et Occident – antagonisme qui se construit également au fur et à mesure des Histoires d’Hérodote – entre l’Europe et l’Asie, entre démocratie et despotisme. Rares sont les historiens qui ne sont pas aussi catégoriques : Henri Van Effenterre (1985) y voit le début du déclin pour la cité d’Athènes, tandis que Fernand Braudel (2001, p. 375) considère que les guerres médiques ont été perdues par Athènes en 404, vaincue par l’or perse. Quel que soit le caractère décisif de la bataille sur le plan militaire, elle a modi- fié la conception que les Grecs se faisaient de leur identité et a fait naître le cli- vage entre Grecs et Barbares. La bataille de Marathon révèle le dynamisme et la montée en puissance des Grecs dans une Méditerranée qui n’est exclusivement à personne (Braudel, 2001, p. 375), mais que les Grecs pensent désormais en termes d’opposition entre Orient et Occident. Dans sa tragédie Les Perses , Eschyle évoque cette opposition : « Deux femmes m’apparurent, parées, portant l’une la robe perse et l’autre la dorique. Elles semblaient, par leur stature et leur pure beauté, surpasser de beaucoup les femmes d’aujourd’hui. Sœurs de race, l’une avait pour patrie l’Hellade et l’autre la terre barbare. Une querelle semblait les opposer. » (Trad. J. Grosjean, Bibliothèque de la Pléiade, 1967.) Hélène Aurigny

RkJQdWJsaXNoZXIy NDM3MTc=