Marathon, bataille de | Aurigny, Hélène

Marathon, bataille de 842 reçoit annuellement 500, car il était impossible d’être parfaitement fidèle au ser- ment. De nouvelles fêtes apparaissent, en l’honneur d’Héraklès, puisque l’armée avait occupé un sanctuaire du dieu dans la plaine de Marathon, puis un autre au sud d’Athènes pour empêcher le retour de la flotte de Datis. Enfin un culte à Pan, apparu au coureur Philippidès sur le chemin de Sparte, est instauré dans une grotte du flanc septentrional de l’Acropole : le dieu est réputé avoir aidé les Athéniens dans le combat (on lui prête la faculté de semer la « panique » chez l’ennemi). Les Athéniens ont entretenu la mémoire de cette victoire en offrant des monu- ments dans les grands sanctuaires. Dans celui d’Athéna sur l’Acropole, trente ans après la bataille, la statue de bronze d’Athéna Promachos, « guerrière », est cou- lée par Phidias sur le butin de Marathon, tandis que sur l’agora, on commande à Polygnote de Thasos une peinture de la bataille de Marathon présentée dans le portique dit stoa poikilè : Callimaque et Miltiade y figuraient en bonne place, d’après la description de Pausanias. Cimon, le fils de Miltiade, s’est alors efforcé d’entretenir le souvenir de cette bataille une génération après, ce qui contribua beaucoup à faire de son père le vainqueur de Marathon. Ses opinions aristocra- tiques ont contribué à conserver le souvenir d’une grande victoire des hoplites, qui incarnent toutes les vertus conservatrices de la cité. La bataille est opposée ensuite à celle de Salamine, à laquelle participa la dernière classe des citoyens, employés comme rameurs, et où les Athéniens ne formaient que la moitié du contingent. Marathon occupe donc une place toute particulière dans la mémoire athénienne et sert les intérêts des hoplites, la classe des propriétaires terriens. Les Athéniens ont eu le génie de développer leur « communication » sur Marathon dans les sanctuaires panhelléniques, où des groupes statuaires et monuments votifs commémoraient cette victoire dans un but tant religieux que politique : une inscription sur un casque d’Olympie suggère des offrandes d’armes consécutives à la bataille ; à Delphes le trésor des Athéniens doit être mis en relation avec la bataille, qui est aussi rappelée une génération plus tard par un groupe de statues en bronze associant le stratège Miltiade et les dieux, et réalisé par Phidias. Marathon n’est pas resté un mythe purement athénien, mais est devenu une référence pour toute l’Antiquité, et même un symbole dans la mentalité euro- péenne. Notre perception de la bataille de Marathon est une lente construction, dans laquelle les Athéniens ont été particulièrement actifs. Le passage de l’histoire au mythe s’est fait d’autant plus facilement que ces deux domaines ne connaissent pas dans la Grèce ancienne la frontière nette établie aujourd’hui (Brun, 2009, p. 16 ; Loraux, 1973, p. 40). Le mythe de Marathon est bientôt pris en charge par la Grèce entière ; au iv e siècle av. J.‑C., les souverains macédoniens Philippe et son fils Alexandre

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