Marathon, bataille de | Aurigny, Hélène

Marathon, bataille de 841 au sein du corps civique athénien. Les alliances sont surtout une affaire de cir- constances : il n’y avait pas de « parti » perse dans les cités grecques, même pas de groupe résolument pro- ou anti-perse (Picard, 1980, p. 105). Mais le retour des hoplites et l’arrivée imminente des Spartiates dissuadèrent les troupes de Datis de poursuivre leur attaque. Ils repartirent en Asie. Malgré la résistance des Athéniens, l’expédition du Grand roi, menée par Datis, était une victoire sur de nombreux plans : l’essentiel des îles de l’Égée avait reconnu la domination perse, après que la Grèce du Nord eut été soumise par Mardonios. Marathon ne remet donc pas en cause le processus d’expansion de l’Empire perse, et si Darius puis son fils Xerxès, qui lui succède en 486, préparent une nouvelle expédition contre la Grèce, ce n’est pas tant pour venger Marathon que pour poursuivre les conquêtes dans une région où les hérauts de Darius avaient le plus souvent trouvé un accueil favorable (Briant, 1995, p. 172‑173). Pour ne prendre aucun risque, l’expédition que le roi lui-même dirigeait s’ap- puie sur une armée considérable, que l’on peut estimer à 200 000 hommes : la seconde guerre médique a donc une tout autre ampleur et, dans ce contexte, les victoires de trois dizaines de cités grecques à Salamine (480 av. J.‑C.), Platées (479 av. J.‑C.) et au cap Mycale (479 av. J.‑C.) sont bien plus retentissantes. L’affrontement entre Grecs et Perses se poursuit encore jusqu’au milieu du v e siècle, même si après la seconde guerre médique, les combats n’ont plus lieu sur le territoire de la Grèce d’Europe. Pourtant, la bataille de Marathon n’a pas eu besoin de l’issue favorable des guerres médiques pour devenir un mythe : le processus de mythification a commencé immédiatement après la bataille, même si la signification de cet événement s’est peu à peu transformée. Marathon est tout d’abord pendant longtemps un mythe athénien : le traite- ment idéologique de la bataille dans les sources athéniennes a été étudié (Loraux, 1973 ; Brun, 2009). Athènes s’est pour ainsi dire opposée seule à l’Empire perse et entend bien faire connaître à tous cet exploit. La tradition orale s’est aussi- tôt accompagnée de signes tangibles : on a inhumé les défunts sur le champ de bataille – et non à Athènes, selon la tradition – dans un tumulus entouré de stèles portant leurs noms, et on a érigé un trophée que l’on n’hésite pas à reconstruire quelques années plus tard sous la forme d’une colonne ionique en marbre et que Pausanias a vue plusieurs siècles après. La mémoire est entretenue sur place aujourd’hui par un monument de marbre reconstruit à l’image du monument antique, et par une statue de Miltiade en bronze érigée en 2004, au moment des Jeux olympiques d’Athènes (Montel, 2010, p. 42‑43). Dans la mentalité grecque, la victoire est accordée par les dieux : Marathon a suscité une piété exceptionnelle. La déesse Artémis s’était vu promettre le sacri- fice d’autant de jeunes chèvres que les Athéniens tueraient de Barbares : elle en

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