Livourne, bataille de | Calafat, Guillaume

Livourne, bataille de 806 hégémonie dans le commerce des marchandises méditerranéennes est toute- fois de courte durée : si les Français tiennent le haut du pavé, durant la seconde guerre anglo-néerlandaise (1665‑1667), ce sont bien les Anglais qui vont peu à peu s’imposer dans le commerce de longue distance méditerranéen à partir du milieu des années 1660. L’ emporium de Livourne est un bon indicateur de ce basculement : en 1662, onze firmes anglaises puissantes sont installées dans le port toscan, contre neuf hollandaises ; le rapport de force ne va cesser désormais de jouer en faveur des marchands anglais. L’extension des franchises douanières pour le commerce d’import-export, en 1676, achève de faire de Livourne un véritable port franc, un grand magasin qui bénéficie surtout aux marins et aux négociants anglais. Ces derniers tirent parti, en outre, de la fonction logistique de Livourne pour la Royal Navy qui, avec l’accord des Médicis, installe dans le port une base de ravitaillement et organise le convoyage des navires mercan- tiles. Le port toscan joue donc un double rôle, commercial et militaire, dans le déploiement des intérêts anglais en Méditerranée ; des intérêts qui vont se conso- lider tout au long des xvii e et xviii e siècles et qui attestent le caractère stratégique essentiel de la mer Intérieure pour les puissances rivales de l’époque : rappelons qu’avant 1750 stationnaient à Gibraltar et à Minorque (conquises respective- ment en 1704 et en 1708 par les Anglais) autant de troupes britanniques que dans toute l’Amérique du Nord. Au-delà, la présence de marchands et de marins d’origines diverses qui peuplent le port après les édits des années 1590 oblige peu à peu les grands-­ ducs de Toscane à garantir la sécurité des différentes « nations » en temps de guerre. Le port des Médicis devient un lieu d’expérimentation de la neutralité à l’époque moderne, la bataille de Livourne de 1653 constituant, à cet égard, l’une des premières grandes mises à l’épreuve pratiques que durent affronter les autorités toscanes. En 1671, c’est l’escadre française du marquis de Martel qui menace de détruire les navires hollandais ancrés dans le môle, obligeant le gou- verneur du port à d’habiles tractations pour protéger la ville. Vingt ans plus tard, pendant la guerre de la Ligue d’Augsbourg (1688‑1697), les consuls anglais, espagnol, français et hollandais acceptent de signer un traité de neutralité qui stipule qu’aucune attaque ne peut avoir lieu dans le port ni à proximité. Cette politique de neutralité, qui va être précisée tout au long du xviii e siècle, émane pour beaucoup des demandes des négociants livournais visant à préserver l’ac- tivité commerciale de la place ; elle a, par ailleurs, un certain nombre d’avan- tages économiques, Livourne pouvant profiter du recel des prises corsaires. La neutralité du port, de même que son caractère d’escale relativement centrale en Méditerranée, explique, enfin, son rôle de catalyseur des nouvelles méditerra- néennes, les consuls et autres correspondants des gazettes collectant à Livourne des informations militaires, des renseignements sur les flottes, sur les trafics, sur

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